Madagascar s’active dans la protection des mangroves afin de mieux résister aux effets du changement climatique

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Les mangroves sont une solution étonnante de lutte contre les effets pervers des changements climatiques, selon Action Climat. Elles sont des puits de carbone efficaces et stockent quatre fois plus de CO2 que les forêts tropicales. Consciente de de cet avantage, Madagascar mise sur la protection des mangroves afin de mieux résister aux effets du changement climatique.

En effet, dans l’aire marine protégée d’Ambodivahibe, au nord de Madagascar, la restauration des mangroves et une gestion durable des ressources marines ont permis aux communautés alentour d’atténuer les effets du vent dans leurs localités et fournissent de nouveaux moyens de subsistance.

« Ici, nous sommes dans la mangrove d’Ampondrahazo, communément appelée la mangrove de la Baie des Pirates. C’est une mangrove en cogestion avec les communautés locales », a indiqué Boris Andrianantenaina, responsable du programme de conservation marine de l’ONG Conservation International à Diego Suarez.

Depuis la mise sous statut d’aire protégée en 2015, 150 hectares de mangroves ont été restaurés avec les habitants. Pour Andrianantenaina, « l’avantage ici, c’est que c’est bien protégé grâce à ces forêts de palétuviers qui ne cessent de grandir. Comme nous voyons là, il y a plus une formation de terre que de l’érosion marine ici ».

Sanctuaire pour la faune locale

Remparts contre l’érosion du littoral grâce à leurs racines, elles ont aussi permis une régénération des ressources halieutiques, constate Georgette Marceline Soa, pêcheuse.

Pendant la période du varatraza, la mer est très agitée, alors notre quotidien c’est dans les mangroves et je peux dire que les ressources qui se trouvent à l’intérieur commencent à augmenter et elles sont de meilleures qualités. Les crevettes et les crabes se reproduisent plus parce qu’on est très strict concernant les périodes de fermeture de pêche.

Composées de six espèces de palétuviers, elles sont le sanctuaire des aigrettes et de chauves-souris endémiques de la Grande Île, et plus récemment le refuge des lémuriens. C’est aussi la survie des villages qui en dépend, témoigne Frédéric Randrianarivelo, dans l’arrière mangrove.

« Avant, on ne trouvait presque plus de crabes et de crevettes. Si on n’avait pas restauré les mangroves, ce ne serait que du sable ici et la zone où on pêche les poulpes n’existerait plus. Elle protège aussi le village du vent », explique-t-il.

Le potentiel économique de la mangrove

Alors que le varatraza – ce vent d’Alizé qui soufflait il y a une vingtaine d’années du mois de juin à septembre et qui s’étend désormais d’avril jusqu’à novembre, perturbant les activités et les revenus des pêcheurs –, a minimisé l’accès des pêcheurs à la mer, cette gestion durable des ressources a convaincu les communautés de trois autres villages aux alentours, explique Boris Andrianantenaina.

Le bénéfice que cette mangrove apporte aux communautés c’est directement la pêche. Si on prend l’exemple de la pêche au crabe, c’est en moyenne 200 kilos capturés par mois, avec un prix allant de 6 000 à 7 000 ariary le kilo [1,30 à 1,50 euro, NDLR] suivant la saison. Cela permet de contribuer aux besoins essentiels des communautés et à l’éducation de leurs enfants. Donc, ça aide la communauté à gérer les ressources. Comme vous voyez maintenant, on est en pleine saison de fermeture. On ne voit aucun matériel de pêche ici.

D’après la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar, qui finance 48 aires protégées dans la Grande Île, les services écosystémiques d’une aire marine et son potentiel touristique peuvent générer jusqu’à 5,3 millions de dollars par an.

Moctar FICOU / VivAfrik

Avec RFI 

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