L’une des contraintes majeures au développement de l’élevage au Sénégal reste le vol de bétail. Par-delà son caractère délictuel avéré, ce phénomène constitue une atteinte grave à la sécurité alimentaire, à la génération des revenus, à la quiétude et à la cohésion sociale en milieu rural. Le vol de bétail touche pratiquement tout le territoire national et tend même à devenir un problème sous-régional. Il reste ainsi un véritable fléau aux conséquences absolument négatives.
Conscient des efforts consentis par les autorités sénégalaises pour éradiquer ce fléau, le chef du service régional de l’Elevage et des Productions animales de la région de Tambacounda, Abdou Sané, a salué les avancées notées dans la sécurisation du bétail après l’adoption en 2017 d’une loi criminalisant le vol de bétail, alors qu’il reste encore des efforts à faire dans la lutte contre le phénomène.
S’exprimant à la veille de la célébration, dans la capitale orientale, de la Journée nationale de l’élevage, le Dr Sané a laissé entendre que « (…) nous pouvons noter des avancées très fortes, avec notamment des éleveurs qui se sentent aujourd’hui très soulagés, même si on enregistre des déclarations de pertes de temps à autre ».
Rappelons que l’Etat du Sénégal a mis en place la Cellule de lutte contre le vol de bétail (CLVB), structure rattachée au cabinet du ministre de l’Elevage. Cette cellule sert de cadre de mise en place de politiques et réformes dont le Comité national de réflexion sur le Stratégie nationale de prévention et de lutte contre le vol de bétail installé officiellement le 2 mars 2013 à Ndiaganiao par le Premier Ministre d’alors.
En 2017, le Sénégal a durci la répression contre le vol de bétail en criminalisant le phénomène passible à partir de là d’une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans. « Rien que le fait de mettre en place cette disposition-là est en soi, est une avancée significative dans cette lutte. Dans les faits, cette nouvelle loi, a, comme escompté, un effet vraiment dissuasif », a-t-il fait valoir M. Sané.
Qui a, dans le même temps, rappelé la mise en place par le ministère de tutelle d’un bureau dédié au vol de bétail, en plus d’efforts déployés à travers des projets dédiés à la lutte contre le phénomène. Il a cité le Projet d’appui au pastoralisme au Sahel et le Projet de développement des exploitations pastorales au Sahel.
A l’en croire, ces deux projets concourent à un certain niveau, à mettre en place des cadres de concertations. Dr Sané a aussi insisté sur le fait que des arrêtés avaient été pris par des préfets afin de permettre l’avènement d’un cadre organisationnelle de lutte contre le vol de bétail, regroupant les éleveurs et acteurs des services déconcentrés de l’Etat.
Il a néanmoins admis que le phénomène persistait avec une recrudescence légère de pertes imputables au vol de bétail en 2022 dans le département de Tambacounda, particulièrement dans la localité de Nétéblou.
A ce propos, il a déclaré : « lorsqu’on a reçu ces déclarations, nous avons fait en sorte que les autorités puissent recevoir les différentes organisations d’éleveurs avec lesquelles on a échangé pour voir dans quelle mesure il faudrait vraiment faire baisser ce fléau-là ».
Il a évoqué l’importance pour les éleveurs de s’investir dans la lutte contre le phénomène à travers la dénonciation, la surveillance permanente du cheptel.
Le chef du service régional de l’élevage a fait savoir que dans la zone frontalière du Sénégal avec la Gambie des actions étaient en train d’être menées afin de favoriser une collaboration entre les éleveurs des deux pays par le biais de plateformes numériques.
Arriver à bout de ce problème, c’est donc contribuer à réduire fortement la paupérisation du monde rural en général et des éleveurs en particulier. C’est dans ce cadre que la CLVB à travers un plan d’actions validé par le comité national de réflexion coordonne la mise en œuvre des stratégies identifiées pour prévenir et lutter efficacement contre le vol de bétail.
Moctar FICOU / VivAfrik
