Perte de biodiversité : La sécurité humaine africaine menacée, selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique

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Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique a relayé, vendredi 23 décembre 2022 sur son site internet que le déclin de la riche biodiversité écologique de l’Afrique menace des millions de moyens de subsistance, une insécurité alimentaire accrue, des conflits pour les terres et la transmission de maladies zoonotiques pouvant conduire à de nouvelles pandémies.

Le site du Centre d’études stratégiques de l’Afrique a détaillé que le continent africain avec 20 % des terres de la planète abrite un quart des espèces de mammifères et un cinquième des espèces d’oiseaux de la planète. Au moins un sixième des espèces végétales du monde sont endémiques à l’Afrique. Le continent compte également 369 zones humides d’importance internationale.

La même source précise que plus de 62 % des habitants des zones rurales africaines dépendent des divers écosystèmes naturels du continent pour leur alimentation, leur eau, leur énergie, leur santé et la sécurité de leurs moyens de subsistance. Cette biodiversité constitue un arsenal de capital génétique bénéfique non seulement pour les personnes vivant dans ces écosystèmes, mais aussi pour le monde entier.

Le continent possède également environ un sixième des forêts restantes du monde, y compris celles qui composent le bassin du Congo, une forêt tropicale de 240 millions d’hectares située à cheval sur huit pays africains et qui assure la subsistance de 80 millions de personnes dans la région. Souvent considéré comme le deuxième poumon vert du monde, le bassin du Congo absorbe chaque année 4 % des émissions mondiales de carbone, compensant ainsi plus que les émissions annuelles de l’ensemble du continent africain.

Cependant, lit-on dans les colonnes d’africacenter.org, cette riche biodiversité de l’Afrique est mise à mal par la disparition continue d’espèces et d’habitats. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), plus de 6 400 animaux et 3 100 plantes sont menacés d’extinction en Afrique. Les enquêtes sur les populations d’oiseaux d’Afrique révèlent un déclin au cours des 25 dernières années, un schéma probablement similaire à celui des populations de poissons et de plantes, bien que les données soient limitées. Globalement, on estime que les populations d’espèces vertébrées en Afrique ont diminué de 39 % depuis 1970.

L’Afrique abrite 9 des 36 points chauds de la biodiversité mondiale (définis comme des régions comptant plus de 1 500 espèces végétales endémiques et ayant perdu au moins 70 % de leur végétation indigène primaire). Sur l’île de Madagascar, par exemple, a publié le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, vendredi 23 décembre 2022 dans son site internet, 82 % des plantes et 90 % des animaux sont endémiques et créent ensemble des écosystèmes irremplaçables. Selon les scientifiques, la surexploitation menace à elle seule 62 % des vertébrés de cette île écologiquement unique, tandis que l’agriculture non durable en menace 57 %. Ensemble, ces deux phénomènes mettent en danger 90 % de toutes les espèces végétales de Madagascar. Sur les 40 283 espèces végétales connues pour être utilisées par l’homme dans le monde entier pour la médecine, l’alimentation et l’atténuation du changement climatique, 5 % (1 916 au total) se trouvent à Madagascar. Parmi celles-ci, 1 596 sont endémiques.

Le Centre d’études stratégiques de l’Afrique estime qu’environ 20 % de la surface terrestre de l’Afrique (6,6 millions de km2) est dégradée en raison de l’érosion des sols, de la salinisation, de la pollution et de la perte de végétation ou de fertilité des sols. Le bassin du Congo, par exemple, perd chaque année entre 500 000 et 1,2 million d’hectares de forêt tropicale humide. Cela s’est traduit par une diminution d’environ 30 % de la couverture arborée sur de vastes étendues des tropiques africains depuis 2001.

Menaces à la sécurité dues à la perte de la biodiversité

La conversion d’habitats naturels en terres cultivées à faible rendement est le principal facteur de perte de biodiversité en Afrique. Dans les régions arides et semi-arides, les pertes de biodiversité et la dégradation des écosystèmes affectent la qualité des sols et de la végétation, ce qui a un impact sur la production agricole. La disparition des biomes dominés par l’herbe réduit encore plus les terres de parcours, ce qui a un impact sur l’élevage. La pression foncière croissante contribue aux déplacements de population et à l’escalade des conflits entre agriculteurs et éleveurs, le site d’information africacenter.org.

En raison de l’évolution des conditions océaniques, certaines zones d’exclusion de la pêche et certaines restrictions saisonnières peuvent ne plus remplir leur fonction. Lorsque les stocks de poissons se déplacent d’une zone à l’autre, les pêcheurs peuvent être tentés de s’aventurer dans ces zones marines protégées, ce qui peut nuire aux ressources vulnérables qu’elles renferment. La pêche illicite, non déclarée et non réglementée peut également se produire lorsque les stocks traversent les frontières nationales et se retrouvent dans les zones de pêche d’autres pays. Quelques conflits de ce type entre pêcheurs locaux et étrangers se sont déjà produits en Afrique de l’Ouest.

Si de nombreuses espèces ont déjà disparu, il n’est pas trop tard pour améliorer l’avenir de nombreux animaux et plantes menacés. Des initiatives axées sur l’entrepreneuriat, l’éducation et les programmes d’agriculture durable respectueux de la biodiversité contribueraient à protéger la biodiversité de l’Afrique et ses citoyens. Parallèlement à ces initiatives axées sur les citoyens, les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux peuvent également se concentrer sur une gouvernance respectueuse de la biodiversité.

Suffisant pour le Centre d’études stratégiques de l’Afrique d’appeler à faire respecter et appliquer les conventions et les lois existantes ; à développer l’utilisation des crédits carbone pour faciliter la préservation des écosystèmes et à intensifier la collecte de données pour éclairer l’élaboration des politiques.

Moctar FICOU / VivAfrik

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