L’accord conclu à la COP15 de la diversité biologique peine à satisfaire tous les pays africains

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La 15ème Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies s’est achevée, lundi 19 décembre 2022, sur un accord surprise. Et c’est la présidence chinoise de cette conférence qui a pris de court les négociateurs réunis à Montréal au Canada pour annoncer un accord relativement ambitieux en pleine nuit.

Ainsi, malgré les avancées du pacte Kunming-Montréal, adopté le 19 décembre 2022 à la COP15 sur la biodiversité, certains pays africains sont déçus, à l’image de la République démocratique du Congo (RDC), qui appelaient à la création d’un fonds spécifique pour la biodiversité et réclamaient une contribution des pays riches beaucoup plus importante que les 30 milliards de dollars par an promis.                        

Certains pays africains regrettent de ne pas avoir été entendus sur certains points. Du Cameroun à l’Ouganda en passant par la RDC, des négociateurs de la COP15 ont exprimé leur incrédulité quant à cet accord, qui, selon eux, manque d’ambition. Plusieurs pays africains s’attendaient à la création d’un fonds spécifique dédié à la biodiversité. Demande rejetée, il n’y aura pas de nouveau fonds, mais la création d’une branche chargée de la protection des espèces vivantes au sein du mécanisme existant, le Fonds pour l’environnement mondial (en anglais GEF).

Il est avéré que l’accord est jugé relativement ambitieux malgré quelques points décevants. Après un report de deux ans en raison de la pandémie de covid-19 et une délocalisation au Canada, le dernier round des négociations avait pris énormément de retard ces dix derniers jours, avec des centaines de points de désaccord restants.

Protéger 30 % de la planète avec 30 milliards par an

Tout d’abord, les signataires s’engagent à protéger 30 % de la planète d’ici à 2030, c’est le fameux objectif « 30 x 30 ». Au cours des négociations, sous la pression de pays craignant de ne pas pouvoir financer l’objectif, l’abaissement à 20 % avait été évoqué, et le maintien d’un objectif à 30 % reste une victoire. Actuellement, 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées à divers degrés de contrainte. L’Union européenne, dont la présidence tchèque a négocié avec le soutien d’une dizaine de ministres des États membres présents, a tenu bon sur ce point qu’elle jugeait crucial.

Trente milliards contre 100 milliards

Il n’y aura pas non plus les 100 milliards de dollars espérés, mais 30 milliards par an, promis par les pays riches d’ici à 2030. Insuffisant, souligne Irène Wabiwa Betoko, responsable campagne forêt pour Greenpeace Afrique. Mais il dépasse largement les concessions que les pays riches étaient prêts à faire au début des négociations, le 7 décembre. Ces derniers ont été pris de court par le projet déposé par la présidence chinoise. « C’est très bien joué de la part d’un pays émergent », nous confiait un négociateur européen dimanche soir. La mobilisation générale de fonds pour la biodiversité, toutes sources et toutes destinations confondues, doit par ailleurs atteindre 200 milliards par an d’ici à 2030. Si les pays africains ne peuvent pas avoir accès aux fonds suffisants et rapidement, le statu quo risque de demeurer, a-t-elle déploré.  

Certes, le rôle des populations autochtones en tant que « gardiens de la biodiversité » a été reconnu, mais pour Augustine Njamshi, secrétaire exécutive du Programme de conservation de la biodiversité au Cameroun, c’est insuffisant. « Oui, il est reconnu qu’elles (Ndlr : les populations autochtones) mènent des efforts, mais elles arrivent à peine maintenant à vivre. On devrait avoir un paquet financier qui est égal à l’effort, voilà la déception. »

D’autres critiques portent sur le caractère non contraignant de l’accord, qui n’interdit pas les activités industrielles néfastes pour les espèces vivantes. Pour des pays comme la France, le travail n’est pas terminé, et le pacte Kunming-Montréal sert avant tout à poser un cadre pour la biodiversité jusqu’en 2030.

Moctar FICOU / VivAfrik

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