Les négociations avancent peu à peu à la COP15 et le « pacte de paix avec la nature » tant espérer toujours attendu  

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La 15ème Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations unies qui s’est ouverte mercredi 7 et se poursuivra jusqu’au lundi 19 décembre 2022 à Montréal au Canada ne connait toujours aucune avancée majeure pour espérer un « pacte de paix avec la nature ».  

En effet, après des débuts poussifs, les négociations avancent peu à peu à la COP15 mais pas vraiment sur les sujets qui fâchent. Au cœur des négociations par exemple, l’objectif porté par une coalition de pays lancée par le Costa Rica pour protéger 30% des terres et des mers d’ici à 2030, aussi appelé le « trente-trente ». État des lieux des discussions. « Des progrès, mais le chemin vers un accord est encore cahoteux », a résumé la cheffe de la Convention de l’ONU sur la biodiversité, Elizabeth Maruma Mrema.

Signalons que le monde n’a plus que huit jours pour sceller un accord historique pour enrayer la destruction de la nature. Mais à mi-parcours, la COP15 n’a enregistré aucune avancée majeure, tant sur la question brûlante du financement entre Nord et Sud que sur l’objectif phare de protéger 30% de la planète.

Plusieurs des cibles d’action pour enrayer le déclin du vivant sont prêtes à être adoptées, mais pas le cœur des négociations. Sébastien Treyer les suit pour l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Selon lui, « certains pays du Sud disent : « je n’accepterai des cibles ambitieuses comme les 30% d’aires protégées en 2030 qu’à la condition qu’en échange, on crée un fonds dédié à la biodiversité qui soit alimenté avec des montants qui soient de l’ordre de 100 milliards d’euros. Ce deal-là est extrêmement tendu, parce que pour les pays du Nord, le fonds dédié n’a pas de pertinence et les 100 milliards d’euros sont hors de portée du point de vue de l’aide publique au développement ».

De l’avis général, les négociations entreront dans le dur jeudi 15 décembre 2022, quand les ministres de l’Environnement des 196 membres de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) prendront à Montréal le relais de leurs délégués.

Mais les chances d’aboutir le 19 décembre à l’approbation d’un ambitieux « pacte de paix avec la nature » — une vingtaine d’objectifs pour stopper la destruction des eaux, des forêts et du vivant d’ici à la fin de la décennie — sont compromises si le projet d’accord reste en l’état.

Ne pas répéter les échecs du passé

« C’est un objectif soutenu par de nombreux pays. Il y a aujourd’hui 113 pays qui font partie de la « Coalition pour la haute ambition ». On a aussi beaucoup de pays en dehors de cette coalition qui soutiennent les trente-trente, affirme Sylvie Lemmet, ambassadrice déléguée à l’environnement et cheffe de file des négociateurs français. Les obstacles auxquels nous faisons face concernent plutôt la façon dont cet objectif peut être mis en œuvre. Il y a évidemment un certain nombre de pays qui sont inquiets, en particulier sur une partie maritime du trente… C’est assez logique puisqu’aujourd’hui, comme vous le savez, on n’a que 8% de la planète, de la partie maritime, qui est protégée. Certains s’alarment en disant qu’ils auront du mal à passer au trente. Et ensuite, puisqu’il s’agit d’un objectif global, il y a la manière dont les choses vont pouvoir être partagées entre les différents pays, donc la prise en compte au fond des spécificités nationales… », a poursuivi Mme Lemmet.

Les ONG tiquent aussi sur le mécanisme pour évaluer le respect des engagements pris par les pays, indispensable pour ne pas répéter les échecs du passé. « Est-ce que les pays devront revoir leurs engagements s’ils ne sont pas au rendez-vous ou non ? » Pour l’instant, le discours est mou sur le sujet, note Pierre Cannet, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Quant aux cibles les plus sensibles politiquement, celles de réduction des pesticides et des pollutions par exemple, les ministres qui arrivent jeudi 15 décembre 2022 vont devoir s’y atteler sérieusement.

C’est dire que malgré des dizaines d’heures de travail pour les 5 000 délégués depuis le 3 décembre, le texte est très en retard, plombé par des dizaines de points toujours en négociations. Seuls cinq des 22 ou 23 objectifs envisagés avaient été tranchés.

« Les gouvernements progressent, mais pas assez vite pour préparer un texte propre à l’arrivée des ministres », regrette Alfred DeGemmis, haut responsable de la Wildlife conservation society (WCS).

Moctar FICOU / VivAfrik

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