Un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction actuellement dans le monde. Comment les sauver ? Comment préserver toutes les espèces animales et végétales qui vivent sur notre planète et qui sont menacées, notamment par les changements climatiques ? C’est l’objet de cette Conférence de l’ONU sur la biodiversité, la COP15, qui s’est ouverte à Montréal. Elle rassemble plus de 17 000 délégués provenant de 195 pays membres.
« L’humanité est devenue une arme d’extinction massive », a tonné le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors du lever de rideau du sommet, à cause de « notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale ».
Cette COP15, sœur jumelle, dans l’ombre, des COP sur le climat, est « notre chance d’arrêter cette orgie de destruction », a-t-il déclaré. Mais les négociations patinent depuis trois ans.
Elisabeth Maruma Mrema est Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Elle abondait déja dans le même sens que le secrétaire général de l’ONU quelques semaines plus tôt. « Le déclin de la biodiversité atteint présentement un niveau sans précédent dans l’histoire. Nous estimons que 90 % des écosystèmes ont été affectés jusqu’à présent et plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition», s’alarme Elizabeth Maruma Mrema dans les semaines précédents le début de la Conférence.
Préserver 30% des milieux naturels
En effet, le Fonds mondial pour la nature rapporte dans son rapport de 2022 que depuis 1970, les populations d’animaux sauvages ont été réduites de 69%. Le but de cette conférence est donc d’en arriver à un accord pour préserver 30% des milieux naturels terrestres et maritimes d’ici à 2030.
« Ce ne sera pas facile. Il faudra beaucoup de travail et d’engagement, mais le cadre mondial de protection de la biodiversité est crucial pour assurer l’avenir de l’humanité sur la planète », précise Elizabeth Marum Mrema dans une entrevue donné à Radio–Canada.
Plusieurs pistes de solutions
Mettre en place des aires protégées pour assurer la survie des espèces menacées, lutter contre la pollution plastique, réduire de 50% la présence des espèces exotiques invasives, réduire le financement et les subventions versées aux industries fossiles et aux secteurs d’activités comme l’agriculture qui ont un impact sur la biodiversité, et surtout, prendre des mesures efficaces contre le réchauffement climatique, principale menace des espèces animales comme végétales : autant de pistes de solutions à mettre en place conjointement pour maintenir la biodiversité de notre planète.
« Afin de stopper et d’inverser ce déclin, il faut que le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 soit similaire à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, en termes d’importance et d’impact » déclarait en entrevue à Radio-Canada, Elizabeth Maruma Mrema.
Un objectif ambitieux donc… surtout que le texte d’entente devra être adopté à l’unanimité. « La Convention compte environ 196 parties, dont l’UE, et tous ces pays ont des intérêts qui diffèrent, qui émanent de priorités distinctes. On attend d’eux qu’ils fassent preuve de flexibilité, qu’ils soient prêts à faire des compromis et à trouver un consensus. Inévitablement, tous les pays ne seront pas en mesure d’obtenir ce qu’ils désirent, mais il ne faut pas que le consensus s’en trouve compromis. Donc flexibilité, compromis, consensus et volonté politique : voilà la clé », estime ainsi Elizabeth Maruma Mrema.
Négociations de la dernière chance ?
Lors des discours d’ouverture de la COP15, une dizaine de militants autochtones ont protesté lors de celui du Premier ministre canadien Justin Trudeau, illustrant la fièvre que suscite la crise écologique dans ces communautés.
Leurs territoires abritent 80% de la biodiversité qui subsiste dans le monde. La reconnaissance, y compris financière, de leur rôle dans l’accord final est une des questions brûlantes à régler.
Le coût de la dégradation des écosystèmes est estimé à 3.000 milliards de dollars par an d’ici 2030, a rappelé ainsi Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU.
Cette ronde de négociations qui commencent à Montréal sont-elles celles de la dernière chance ? C’est ce que beaucoup redoutent. Tout le monde s’entend en tous cas pour dire, répéter encore et encore qu’il y a urgence d’agir, et que la préservation de la biodiversité de la planète est tout aussi importante que la lutte contre les changements climatiques, que les deux combats, en fait, sont étroitement liés.
« C’est un défi, un immense défi que nous avons comme communauté, à améliorer d’abord la connaissance des gens sur l’importance de la biodiversité… est-ce qu’on veut perdre la rainette, le caribou, le chevalier ombré, poisson endémique du fleuve, pour ne citer que ces espèces ? », s’interroge Lyne Bouthillier, biologiste au Ministère québécois de l’Environnement.
Marc Mazerolle, biostaticien de l’Université Laval au Québec, lui, garde un certain optimiste car il dit croire en les nouvelles générations : « Je suis optimiste dans le sens que si on se fixe des objectifs et qu’on prend les moyens pour les atteindre, tout est possible. C’est un choix de société c’est comme les émissions de carbone. Quel est l’état de la planète que l’on veut laisser à nos enfants ? On devrait prendre toutes les mesures possibles pour s’assurer de protéger le plus d’espèces et malheureusement il va falloir prioriser les espèces pérennes, celles qui sont menacées d’extinction et qui ne vivent pas ailleurs, comme le chevalier cuivré (espèce de poisson) du Saint-Laurent par exemple ».
Les financements des pays riches vers les pays en développement seront aussi un point décisif. Une coalition du Sud a réclamé au moins 100 milliards de dollars par an pour la biodiversité, autant que pour le climat, et 700 milliards de dollars par an d’ici à 2030.
La Conférence se tient jusqu’au 19 décembre 2022, on parle même déjà d’une prolongation au 20 décembre, pour en arriver à une entente qui va fixer des objectifs clairs et chiffrés afin de préserver les espèces animales et végétales qui font la richesse de notre planète et sans laquelle il ne peut y avoir de vie.
Qu’est-ce que la Convention sur la diversité biologique ?
C’est en 1992, au Sommet de la Terre à Rio, qu’a été signée la Convention sur la diversité biologique, la CDB, par plus de 150 chefs de gouvernement. Cette convention porte sur la préservation des espèces végétales et animales sur notre planète.
On parle de COP15 parce que ce sera la quinzième fois que les parties se réunissent depuis 1992, étant donné que les rencontres se tiennent aux deux ans. Cette conférence à Montréal devait initialement se tenir à Kunming, en Chine, en 2020 mais Pékin l’a annulée à cause de la pandémie. La Chine en garde toutefois la présidence même si elle se tient dans la métropole québécoise. Le Canada n’a d’ailleurs eu que six mois pour préparer ce rendez-vous. Le secrétariat de la CDB est à Montréal.
(information.tv5monde.com)