Les gouvernements du monde entier se réuniront à Montréal, la principale ville du Québec au Canada du 7 au 19 décembre 2022 pour convenir d’une nouvelle série d’objectifs destinés à guider les actions mondiales jusqu’en 2040 pour protéger et restaurer la nature. Mais les diplomates réunis en Egypte lors de la 27ème Conférence des Nations unies sur le climat (COP27) ont pu échanger, en coulisse, sur les points durs des futures négociations prévues au Canada.
En effet, l’appel tant attendu n’est finalement pas venu. Personnalités politiques, scientifiques et représentants de la société civile avaient espéré que la COP27 serait l’occasion d’affirmer l’importance de la future conférence mondiale pour la biodiversité (COP15) et la nécessité de faire de la protection de la nature une priorité, au même titre que la lutte contre le dérèglement climatique. Cependant, si la question de la dégradation des écosystèmes a été largement abordée lors des deux semaines de négociations à Charm El-Cheikh en Egypte, le texte final a échoué à mentionner explicitement la COP15, qui s’ouvrira le 7 décembre 2022 à Montréal au Canada.
Rappelons que le projet de Cadre mondial pour la biodiversité post-2020 comporte 21 objectifs d’action pour 2030, notamment la conservation d’au moins 30 % des zones terrestres et marines à l’échelle mondiale, la restauration d’au moins 20 % des écosystèmes d’eau douce, marins et terrestres dégradés, la réduction accrue de 50 % du taux d’introduction d’espèces exotiques envahissantes, la réduction de moitié au moins les nutriments perdus dans l’environnement, et de deux tiers au moins les pesticides, et éliminer les rejets de déchets plastiques et la contribution de la nature aux efforts d’atténuation du changement climatique mondial d’au moins 10 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone par an.
La directrice de recherches à l’Institut pour le leadership en matière de développement durable de l’université de Cambridge (Royaume-Uni), Nina Seega a indiqué que « nous ne pouvons pas résoudre la crise climatique sans la nature, et si nous avons constaté des progrès en Egypte, l’absence de référence à la COP15 est une grande déception. Le texte final reconnaît l’importance de la nature dans l’atténuation du changement climatique, mais omet de mentionner l’opportunité cruciale qu’est la COP15, souligne aussi le directeur de Campaign for Nature, Brian O’Donnell. Il est décevant et contre-productif de voir que les obstacles à une approche plus intégrée persistent, malgré les appels des scientifiques et des peuples autochtones ».
La COP15, qualifiée de « COP de la décennie », doit permettre d’adopter un nouveau cadre mondial pour enrayer et inverser la courbe de perte de biodiversité d’ici à 2030. Le communiqué final du G20, adopté à Bali (Indonésie) le 16 novembre, alors que la COP27 se tenait sur les rives de la mer Rouge, souligne de manière explicite le caractère décisif de ce rendez-vous. Plusieurs paragraphes du texte adopté par les vingt principales économies de la planète appellent très clairement à l’adoption d’un accord « robuste et ambitieux » à Montréal et à la mobilisation de ressources financières supplémentaires pour le mettre en œuvre.
A cet effet, Nina Seega a raconté que, « quand on a vu le communiqué du G20, on s’est dit qu’il était possible qu’il y ait une référence à la COP15, mais finalement, cela ne s’est pas fait. Nous savons que les crises climatiques et de biodiversité sont interconnectées et qu’elles doivent être résolues de manière conjointe, sinon nous risquons d’échouer sur les deux tableaux ». Le dérèglement climatique devrait devenir, au cours du siècle, le principal facteur de pression pour les espèces et les écosystèmes. Et parvenir à limiter fortement le réchauffement sera impossible sans une meilleure protection et restauration des écosystèmes tels que les forêts et les océans, qui constituent d’importants puits de carbone.
Moctar FICOU / VivAfrik