« La Banque africaine de développement (BAD) continue de soutenir des projets d’énergie fossile comme la centrale à charbon de Sendou 120 MW, la centrale électrique à combustible de Malicounda 130 MW (tous deux au Sénégal et d’autres projets d’énergies polluants sur le continent), Atinkou 320 MW (Côte d’Ivoire) » a indiqué jeudi 27 octobre 2022 Fatoumata kiné Niang Mbodji, chargée de communication et de plaidoyer de l’ONG Lumière synergie pour le développement (LSD).
Mme Mbodji qui s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture du camp climat à Marlothieu dans les Îles du Saloum organisé par l’ONG LSD Sénégal a renchéri que la BAD poursuit ses investissements dans « des projets d’énergie fossile « malgré son engagement à investir dans des projets à faibles émissions de carbone et l’opposition des groupes environnementaux et des communautés locales. De surcroit, sa politique énergétique manque de cohérence en matière de changement climatique et de transition énergétique ».
De l’avis de LSD Sénégal, les institutions de financement au développement telles que la Banque africaine de développement doivent être au cœur de l’action climatique, aussi, elles se sont engagées à respecter les accords de Paris et donc à investir dans des projets à faible émission de carbone.
Cependant, le constat de la LSD Sénégal est que ces institutions continuent à soutenir et à investir dans des projets à base de combustibles fossiles et d’énergie polluante.
« Selon notre rapport conjoint2 en partenariat avec Bank Track, « les institutions financières publiques et privées ont versé au moins 132 milliards de dollars sous forme de prêts et de souscriptions dans 964 projets dans les domaines du gaz, de pétrole et de charbon en Afrique de l’Ouest, de l’Est, Centrale et Australe entre 2016 et juin 2021 (11% d’IFD à l’intérieur de l’Afrique) », a déploré la chargée de communication et de plaidoyer de l’ONG LSD Sénégal.
« Au lieu d’apporter le développement, nous constatons que les projets de combustibles fossiles ont souvent de graves répercussions sur l’environnement, les communautés locales et les femmes en particulier. En fin de compte, les nouveaux projets de combustibles fossiles risquent finalement d’enfermer les pays africains dans la dépendance aux combustibles fossiles. D’autre part, les femmes, les jeunes et les communautés vulnérables qui supportent pourtant la part la plus importante des effets des changements climatiques ne participent pas assez aux débats et à la prise de décision sur le climat, a constaté Fatoumata kiné Niang Mbodji.
C’est pourquoi, dit-elle, Lumière synergie pour le développement mène une campagne pour une justice climatique pour l’Afrique où les jeunes et les femmes sont plus affectées et plus vulnérables aux effets des changements climatiques.
A l’en croire, LSD veille également sur le Groupe de la Banque africaine de développement pour qu’elle respecte ses engagements, notamment en faveur d’une transition verte pour le continent.
En effet, en marge de la 27ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) qui se tiendra du dimanche 6 au vendredi 18 novembre 2022 en Égypte, l’ONG LSD s’est proposée d’organiser un camp climat à Marlothieu, dans les Îles du Saloum au Sénégal avec le soutien de ses partenaires dont la Fondation pour une société juste (FJS), Both ends (GAGGA), la Fondation open society initiative West Africa (OSIWA) et la Fondation Heinrich Böll.
Venu présider la cérémonie d’ouverture de ce camp climat au nom du maire de la commune de Fimla, Karim Sène, empêché, le conseiller Issa Sall s’est réjoui de l’initiative de la LSD sa commune. Selon lui, « l’objectif du camp climat est de promouvoir et amplifier la voix des femmes et des jeunes filles dans les débats et la prise décision sur les changements climatiques ».
De façon plus spécifique, il s’agira de renforcer les capacités des participants sur les défis et enjeux de la justice climatique en Afrique ; de renforcer la participation des femmes et des jeunes filles dans le plaidoyer sur la justice climatique à travers le réseautage, les alliances et le partage d’expériences et enfin de mobiliser les femmes et les jeunes filles en direction COP 27 en Égypte.
Le responsable politique a fait valoir que la crise climatique s’aggrave de plus en plus et ces engagements restent un grand défi. En effet selon la BAD, « les pays africains n’ont reçu que 18,3 milliards de dollars de financement climatique entre 2016 et 2019 d’où un déficit de financement climatique de l’ordre de 1288,2 milliards de dollars par an de 2020 à 2030 ».
D’autre part, les capacités d’adaptation des pays africains sont très limitées avec à la clé la pauvreté, l’endettement, la fragilité, etc. En définitive, cette Justice climatique réclamée en faveur de l’Afrique, et pour les femmes, les jeunes et les communautés vulnérables est plus que jamais d’actualité.
Moctar FICOU / VivAfrik