L’émissaire américain s’était confié sur la mise aux enchères des blocs pétroliers congolais et a tenu à s’adresser directement à Félix Tshisekedi. « Les États-Unis et d’autres pays ont exprimé leur inquiétude concernant certains blocs qui ont été mis aux enchères. Mais nous sommes convaincus que la RDC peut obtenir un développement économique complet, sans pour autant menacer ces blocs. Le secrétaire d’État Blinken a rencontré le président Tshisekedi », a dit John Kerry.
Avant d’ajouter : « ils se sont accordés pour former un groupe de travail qui regardera des programmes spécifiques de développement économique compatibles avec la protection du Bassin du Congo. C’est une initiative très importante pour nous, parce que ce Bassin est vital, mais aussi parce que les Congolais ont besoin et méritent d’accéder au développement ainsi qu’à des emplois. Nous savons que l’on peut atteindre cet équilibre. Mon espoir est que pendant mon entretien avec le président Tshisekedi cet après-midi (Ndlr : mercredi 5 octobre 2022), je parviendrai à le convaincre qu’il est important de retirer certains blocs de ces enchères, afin d’équilibrer l’intérêt écologique et le développement économique ».
Cependant, la réponse du président Congolais ne s’est attendre. Prenant part au rendez-vous économique annuel de Financial Times 2022 à Londres, Félix Tshisekedi a affirmé sans ambages que « la RDC exploitera ses ressources et n’écoutera aucune injonction ».
Néanmoins, le président du Congo-Kinshasa a rappelé que la RDC demeure le pays-solution au réchauffement climatique. Cependant, a-t-il insisté, son pays s’engage à respecter cette vocation du fait de sa biodiversité et de sa position comme un des poumons du monde.
Félix Tshisekedi est en même temps le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la SADEC. Dans sa prise de parole, il avait arboré les deux costumes dans afin de mieux porter la voix de l’Afrique.
Rappelons que le gouvernement congolais a lancé, fin juillet 2022, les appels d’offres pour 30 blocs pétroliers et gaziers, s’attirant ainsi les critiques les plus acerbes de quelques organisations de défense de droit de l’environnement. Celles-ci arguent que l’exploitation pétrolière dans les forêts et tourbières du Bassin du Congo risquait de libérer de grandes quantités de carbone.
Moctar FICOU / VivAfrik