Le canadien Madison Metals a annoncé, mardi 4 octobre 2022, la nomination de Ryan Thompson comme directeur de la stratégie. Il pilotera le nouveau projet de la junior minière consistant à vendre des NFT pour financer le développement de son portefeuille d’uranium en Namibie.
Rappelons que Namibie, la junior minière canadienne, Madison Metals, avait annoncé le mardi 13 septembre 2022 son entrée au capital de la junior minière locale Namibia Nuclear Corporation (NNC), détentrice d’un portefeuille d’exploration sur l’uranium.
En effet, le financement des projets miniers constitue l’une des explications avancées habituellement pour justifier la faible présence d’acteurs locaux dans le secteur minier africain. Alors que l’accès aux grandes places boursières mondiales peut être difficile, le recours aux nouvelles technologies est à la portée de tous, a précisé, à l’Agence Ecofin, Emiliano Tossou.
C’est pourquoi, dans le cadre d’un partenariat conclu avec la société de technologie blockchain Lux Partners, Madison a en effet décidé de vendre à terme 20 millions de livres d’uranium provenant de ses projets namibiens sur une période de cinq ans, une fois l’étape de la production commerciale atteinte, a clarifié M. Tossou.
Une partie de ces futures livraisons, 7,65 millions de livres d’uranium, sera immédiatement « tokennisé », c’est-à-dire réduite en petits jetons non fongibles (NFT) susceptibles d’être vendus en détail. Dès le 15 octobre, il sera donc possible d’acheter ces NFT Lux Uranium « au prix le plus bas possible ». Le reste de l’uranium, 12,35 millions de livres, devrait ensuite arriver sur le marché en fonction de l’évolution de la demande.
Méthode de financement atypique dans l’industrie
La vente à terme de la future production d’une mine n’est pas une innovation dans le secteur minier, même si elle est plus fréquente sur les marchés énergétiques où le pétrole et le gaz sont des actifs financiers comme les autres, négociés par des traders qui n’ont aucune intention d’en prendre livraison, une fois le contrat arrivé à terme.
L’Agence Ecofin ajoute qu’en associant ce contrat à terme à la blockchain et aux jetons non fongibles, Madison opte en revanche pour une méthode de financement atypique dans l’industrie minière. Les fonds obtenus via le partenariat avec Lux seront en effet réservés à l’exploration puis à l’exploitation des gisements d’uranium en Namibie.
Cela tranche avec les méthodes habituelles qui consistent notamment, soit à augmenter le capital avec des levées de fonds en bourse, soit à emprunter des fonds ou encore à vendre en avance la future production à d’importants acheteurs en échange d’un financement immédiat.
« Avoir la capacité de monétiser potentiellement nos ressources en uranium à un prix élevé en utilisant une technologie innovante fournie par les leaders de l’industrie témoigne de notre stratégie avant-gardiste visant à créer de la valeur pour les actionnaires », explique Duane Parnham, PDG de la junior.
Alors que le financement constitue un obstacle important au développement des projets miniers africains par des intérêts nationaux (juniors minières locales ou compagnies d’Etat), cette méthode de financement innovante pourrait inspirer d’autres, en cas de succès. Elle pourrait même permettre aux petits épargnants du pays d’origine du projet minier de financer directement son développement, en toute transparence, a encore relevé Emiliano Tossou.
Il faut malgré tout souligner que le peu d’informations disponibles sur la viabilité économique des projets d’uranium de Madison Metals n’est sans doute pas étranger au choix de ce mode de financement. Aucune évaluation économique ni estimation de ressources minérales conforme aux standards de l’industrie n’a en effet encore été réalisée sur aucun d’eux.
Pour rappel, le portefeuille d’exploration de la société en Namibie est constitué pour le moment d’une licence d’exploration sur laquelle elle possède des droits exclusifs et de trois autres licences pour lesquelles la société a conclu deux accords différents pour acquérir 24 % d’intérêts dans l’une d’elles et 85 % d’intérêts dans les deux autres.
Moctar FICOU / VivAfrik