Trois ans après avoir conclu un accord de délimitation maritime controversé qui avait suscité l’ire de l’Union européenne (UE), la Libye et la Turquie ont signé le 3 octobre 2022 un accord de prospection d’hydrocarbures dans les eaux libyennes. S’exprimant à propos de cette signature, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Çavusoglu a laissé entendre lors d’un point presse avec son homologue libyenne, Najla al-Mangoush, que « nous avons signé un mémorandum d’entente pour la prospection d’hydrocarbures dans les eaux territoriales de la Libye ainsi que sur le sol libyen par des compagnies turco-libyennes mixtes ».
Le mémorandum a été signé lors d’une visite effectuée à Tripoli par une délégation turque de haut niveau, comprenant notamment les ministres de l’Énergie, Fatih Dönmez, de la Défense, Hulusi Akar, et du Commerce, Mehmet Mus. Ce mémorandum prévoit de « développer des projets liés à l’exploration, la production et le transport de pétrole et de gaz », a expliqué le porte-parole du gouvernement de Tripoli, Mohamed Hamouda, dans une publication sur Facebook.
La Grèce et l’Egypte ont rejeté, lundi 3 octobre 2022, un accord signé le jour même entre la Libye et la Turquie sur la prospection d’hydrocarbures dans une zone en Méditerranée orientale, convoitée par les pays riverains.
Le ministère grec des Affaires étrangères a annoncé, dans un communiqué publié quelques heures seulement après la signature de l’accord entre Tripoli et Ankara, que « la Grèce dispose de droits souverains dans la zone qu’elle entend défendre par tous les moyens légaux, dans le plein respect du droit international de la mer ».
Le même communiqué a précisé que « toute mention ou action mettant en application ledit ‘’accord’’ sera de facto illégitime et entraînera, en fonction de sa portée, une réaction au niveau bilatéral ainsi que de la part de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ».
Dans son communiqué, le ministère grec des Affaires étrangères a estimé que cet accord de délimitation maritime conclu entre Tripoli et Ankara « a été rendu nul et non avenu » par un autre accord bilatéral sur la délimitation des zones maritimes, signé entre la Grèce et l’Egypte en 2020.
Dotée des réserves pétrolières prouvées les plus abondantes d’Afrique, la Libye est en proie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 à une interminable série de crises politiques et de violences.
Moctar FICOU / VivAfrik