Source : hespress.com
Date : lundi 26 septembre 2022
Les Nations Unies ont alerté que le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans le monde devrait continuer à augmenter rapidement, alors que la crise alimentaire resserre son emprise sur 19 « points chauds de la faim ».
Sous l’effet des conflits, du changement climatique et de l’instabilité économique aggravée par la pandémie de Covid-19 et les répercussions de la crise en Ukraine, 970.000 personnes sont menacées par « une famine catastrophique » (phase 5 de la CIP, la Classification intégrée des phases de sécurité alimentaire).
Elles pourraient mourir de faim si aucune mesure n’est prise ont mis en garde le Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Il s’agit de dix fois plus qu’il y a six ans quand seuls deux pays avaient une population en phase 5.
Selon le rapport, l’Afghanistan, l’Éthiopie, le Nigéria, le Soudan du Sud, la Somalie et le Yémen restent en « alerte maximale » en tant que points chauds, représentant à eux seuls près d’un million de personnes confrontées à des niveaux catastrophiques de faim (phase 5 de la CIP « Catastrophe »), où la famine et la mort sont une réalité quotidienne et où des niveaux extrêmes de mortalité et de malnutrition peuvent survenir sans action immédiate.
26 millions de personnes à des niveaux d’insécurité alimentaire de crise
« La grave sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique a poussé les populations au bord de la famine, en détruisant les cultures et en tuant le bétail dont dépend leur survie », a déclaré dans un communiqué, Qu Dongyu, Directeur général de la FAO. « L’insécurité alimentaire aiguë augmente rapidement et se répand dans le monde entier ».
En attendant, le rapport met en lumière la crise de la faim dans la Corne de l’Afrique, où la sécheresse la plus longue depuis plus de 40 ans devrait se poursuivre. Jusqu’à 26 millions de personnes pourraient être confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire de type crise ou pire (phase 3 du CIP et plus) en Somalie, dans le sud et l’est de l’Ethiopie, ainsi que dans le nord et l’est du Kenya.
L’aide humanitaire risquant d’être réduite en raison d’un manque de financement, le spectre d’une mortalité massive due à la faim plane en Somalie, la famine risquant de s’installer dans les districts de Baidoa et Burhakaba dans la région de Bay en octobre. En l’absence d’une réponse humanitaire adéquate, les analystes prévoient que d’ici décembre, jusqu’à quatre enfants ou deux adultes sur 10.000 personnes mourront chaque jour.
Des centaines de milliers de personnes sont déjà confrontées à la famine aujourd’hui et des niveaux de malnutrition stupéfiants sont attendus chez les enfants de moins de 5 ans. C’est la troisième fois en 10 ans que la Somalie est menacée d’une famine dévastatrice.
Situation « très préoccupante » en RDC, Haïti, Kenya, Sahel, Soudan et Syrie
La famine de 2011 a été causée par deux saisons des pluies consécutives ratées ainsi que par le conflit. « Aujourd’hui, nous sommes face à une tempête parfaite : une cinquième saison des pluies consécutive probablement ratée qui verra la sécheresse se prolonger jusqu’en 2023 », a affirmé David Beasley, Directeur exécutif du PAM.
Comme dans l’édition de juin du rapport trimestriel, la République démocratique du Congo, Haïti, le Kenya, le Sahel, le Soudan et la Syrie restent « très préoccupants » en raison de la détérioration de la situation. Toutefois, l’alerte est étendue à la République centrafricaine et au Pakistan.
Dans le même temps, le Guatemala, le Honduras et le Malawi ont été ajoutés à la liste des pays, rejoignant le Sri Lanka, le Zimbabwe et Madagascar qui restent des points chauds de la faim.
« Nous devons de toute urgence apporter de l’aide à ceux qui sont en grave danger de famine en Somalie et dans les autres points chauds de la planète », a ajouté M. Beasley.
Une action humanitaire urgente pour éviter la famine et la mort
Les conflits violents restent le principal moteur de la faim aiguë, l’analyse indiquant une poursuite de cette tendance en 2022, avec une préoccupation particulière pour l’Éthiopie. Mais outre la recrudescence des conflits, les extrêmes climatiques, mais aussi les effets persistants de Covid-19 et les répercussions de la guerre en Ukraine, figurent parmi les principaux facteurs.
Sur le plan économique, la persistance des prix mondiaux élevés des denrées alimentaires, des carburants et des engrais – continue d’entraîner des prix intérieurs élevés et une instabilité économique.
« En l’absence d’une réponse humanitaire à grande échelle, qui s’appuie sur une assistance agricole rapide et vitale, la situation risque d’empirer dans de nombreux pays au cours des prochains mois », ont prévenu le PAM et la FAO.
Face à cette situation, le rapport appelle à une action humanitaire urgente pour sauver des vies et des moyens d’existence et prévenir la famine dans les pays « points chauds » où l’insécurité alimentaire aiguë devrait s’aggraver entre octobre 2022 et janvier 2023.
Le rapport formule des recommandations spécifiques à chaque pays sur les priorités en matière d’action anticipée – mesures de protection à court terme à mettre en place avant que de nouveaux besoins humanitaires ne se matérialisent ; et d’intervention d’urgence – actions visant à répondre aux besoins humanitaires existants.