Par Anthioumane D. Tandia
Avant la « COP africaine » – historique – sur les changements climatiques, dite COP 27, qui doit se dérouler du 7 au 18 novembre 2022, à Charm el-Cheikh en bord de la Mer rouge, en Égypte, le Centre mondial pour l’adaptation (GCA), en collaboration avec l’Union africaine (UA), la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds monétaire international (FMI), l’Initiative pour l’adaptation en Afrique (IAA) et le Climate vulnerable Forum, convoque le Sommet sur l’adaptation en Afrique, à Rotterdam (Pays-Bas) pour établir les bases d’une adaptation avancée pour l’Afrique à la COP27.
Cela représente une opportunité historique pour la communauté mondiale de concrétiser le Pacte climatique de Glasgow et la nécessité de combler le déficit de plusieurs milliards de dollars par an dans le financement de l’adaptation pour l’Afrique.
Le Sommet sur l’adaptation en Afrique, organisé au siège du GCA, dans le plus grand bureau flottant du monde aux Pays-Bas, servira de plateforme d’action pour concrétiser les engagements envers l’Africa Adaptation Acceleration Program (AAAP) et initier de nouvelles coalitions de partenaires et d’initiatives pour accélérer l’action sur le terrain à travers l’Afrique.
Des dirigeants mondiaux à l’œuvre
Ce Sommet où se retrouvent des dirigeants mondiaux, des organisations internationales, des banques multilatérales de développement, des banques centrales, le secteur privé, des maires, des représentants de la société civile, des jeunes leaders et d’autres parties prenantes devrait rehausser les ambitions des mesures d’adaptation pour le continent africain pour que les effets négatifs du changement climatique, en raison des vulnérabilités socioéconomiques et environnementales, puissent être atténués, à défaut d’être contenus.
Les enjeux des changements climatiques en Afrique, du point de vue de l’état des connaissances, de la problématique générale, de la vulnérabilité, des impacts et stratégies d’adaptation sont devenus, au fil du temps, l’une des principales hypothèses de travail des COP successives. Même si la part du continent dans les risques encourus par la Planète Terre reste faible par rapport aux autres zones industrialisées du monde.
Paradoxalement, l’Afrique est la plus touchée par les effets du changement climatique, selon la COP26. Une côte d’alerte qui rappelle que trois des zones ayant connu un assèchement au cours du XXème siècle se situent sur ce continent. L’Afrique est un continent très compact en plus d’être le plus tropical de tous les continents avec 90 % des terres situées à l’intérieur des tropiques, et en termes d’environnement physique, l’Afrique est le continent des extrêmes. Il n’est donc pas étonnant qu’on s’attende à des impacts sérieux du principal défi environnemental que représentent les changements climatiques sur ce continent.
Depuis 2000, beaucoup d’initiatives ont vu le jour en Afrique
Curieusement, l’Afrique est aussi le continent qui a pris très tôt conscience du défi que représentent les changements climatiques sur son développement en initiant une étude globale sur la thématique, trois mois après la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques à Rio, le 21 mars 1994, et en évaluant, l’année suivante le coût de la mise en œuvre d’Action 21 sur le continent. Malheureusement, et du fait du retard du continent en matière de développement économique, force a été de constater que les capacités institutionnelles dont disposaient les pays africains ne permettaient qu’à très peu d’entre eux d’élaborer des stratégies d’action dans un domaine aussi complexe, et a fortiori mettre en réseau lesdites institutions dans le cadre alors suggéré. Il s’en est donc suivi une série d’initiatives de renforcement des capacités aboutissant généralement à l’élaboration des communications nationales, sans vraiment mettre en place une dynamique de gestion des changements climatiques sur le continent.
Il faut reconnaître que depuis le début des années 2000, un certain nombre d’initiatives sous forme de projets ont vu le jour en Afrique, initiatives visant l’impact des changements climatiques sur des secteurs de développement ainsi que des actions urgentes et prioritaires pour réduire ces impacts. L’adaptation aux changements climatiques est ainsi devenue la préoccupation première pour l’Afrique à travers ces initiatives. Parallèlement, le continent s’organise progressivement tant aux niveaux sous-régionaux que continental pour prendre une part plus active dans les négociations climat, et notamment post-Kyoto.
Après la publication du rapport du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) sur le Développement Humain 2007/2008, il est devenu évident que les changements climatiques doivent être abordés sous l’angle du développement socio-économique, ce qui implique leur prise en compte dans les stratégies de développement aussi bien globales que sectorielles des pays africains. C’est donc aujourd’hui un autre défi qui s’annonce pour l’Afrique et qu’il faudra nécessairement relever pour garantir un avenir aux générations futures sur ce continent.
Par Anthioumane D. Tandia, directeur de publication d’afrimag.net