Nettoyage des terres des Ogonis au Nigéria : Bloomberg révèle des dysfonctionnements dans le projet

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Un rapport de Bloomberg note des dysfonctionnements importants dans l’élaboration du projet Hyprep censé assainir les terres agricoles, les zones de pêches, ou encore les mangroves au Nigéria. Ce rapport fait suite à une enquête de l’agence Bloomberg qui révèle les dysfonctionnements d’un projet de nettoyage chiffré à un milliard de dollars en Ogoniland, dans le delta du Niger, une région extrêmement polluée par l’industrie extractive. En effet, la mauvaise gestion met en péril ce nettoyage des terres des Ogonis, plus d’un quart de siècle après le retrait de la compagnie pétrolière Shell de la région, en 1993.

Au Nigeria, Ogoniland, ce territoire riche en pétrole dans le Delta du Niger, demeure massivement pollué. L’exploitation pétrolière a certes pris fin avec l’arrêt forcé des activités de Shell mais les travaux d’assainissement qui ont suivi n’ont pas permis de dépolluer cette région.

Les documents internes à l’Organisation des Nations unies (ONU) consulté par l’agence Bloomberg mettent en évidence les inquiétudes du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’agence qui soutient le projet d’assainissement de la pollution et des hydrocarbures mis en cause. Le PNUE a estimé le budget nécessaire pour réparer le désastre écologique causé par l’industrie pétrolière en terre ogoni à un milliard de dollars.

Le nettoyage du territoire des Ogonis a été chiffré à 1 milliard de dollars en 2019 et devait être financé par Shell, Total et Eni. Sur place, le désastre écologique causé par les équipes du projet Hyprep agace les habitants de l’Ogoniland pour qui Shell et les autres compagnies pétrolières qui ont pompé du pétrole dans cette région doivent être tenus davantage responsables du nettoyage de leur territoire.

Rappelons qu’en 2016, un projet d’assainissement de la pollution des hydrocarbures, Hyprep, est lancé par Muhammadu Buhari. Les compagnies pétrolières, Shell en premier lieu et minoritairement Total et Eni, sont censées le financer à 90%. Mais selon l’enquête publiée par l’agence américaine Bloomberg, ce projet très coûteux présente de nombreux dysfonctionnements.

Entre autres : la sélection de prestataires douteux, dont certains n’ont ni l’expérience nécessaire ni les moyens de traiter les déchets toxiques, avec pour conséquence un risque de sur-pollution des sols.

Par ailleurs, Shell occupe un grand rôle dans le pilotage du projet Hyprep, dont le directeur des services techniques est un ancien cadre de l’entreprise, ce qui peut conduire à une situation de conflit d’intérêts.

En effet, les responsabilités de Shell dans le delta du Niger se sont multipliées ces dernières années. En 2021 par exemple, l’entreprise a essuyé des défaites dans deux procès intentés par des communautés du delta du Niger. Un tribunal de La Haye a ordonné à l’unité nigériane de Shell de verser des dommages et intérêts non spécifiés à des agriculteurs pour ses déversements de pétrole survenus, il y a plus de 15 ans.

Suite à la publication de ce rapport, l’ONG Stakeholder Democracy Network, très impliquée dans la défense des communautés locales de la région, a indiqué avoir « trouvé des contaminants au-dessus des seuils fixés sur plus de 25% des sites qui avaient été certifiés achevés de nettoyer en décembre 2021. »

L’ONG s’alarme surtout du retrait du Programme des Nations unies pour l’environnement, qui ne participera plus à ce projet à partir de la fin 2022, laissant les populations locales encore plus vulnérables.

Moctar FICOU / VivAfrik

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