Le chef de l’Etat du Sénégal par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine (UA) a soutenu, dimanche 17 juillet 2022, qu’il y a urgence à mobiliser des investissements massifs, pour une production agricole conséquente en Afrique. Selon Macky Sall, l’Afrique qui regorge de ressources abondantes ne devrait plus s’exposer à l’insécurité alimentaire.
D’après le président Sall, qui tenait son discours devant ses pairs à l’occasion de la quatrième réunion de coordination de l’Union Africaine à Lusaka en Zambie, avec des politiques adéquates et des moyens conséquents, l’Afrique devrait pouvoir se nourrir par elle-même et aider à nourrir le monde. Il urge que nous gagnions la bataille de la sécurité alimentaire pour régler une question existentielle et relever un défi de dignité pour notre continent.
« La crise actuelle renvoie les pays africains à leurs propres responsabilités pour se libérer de certaines contingences trainées depuis des décennies», a déclaré Macky Sall dans une allocution à l’ouverture de cette 4ème réunion de coordination semestrielle de l’UA, des communautés économiques régionales (CER) et des mécanismes régionaux (RM) qui se tenait dans la capitale zambienne, Lusaka.
En outre, soutient-il, la crise actuelle nous renvoie aussi à nos propres responsabilités. Il en est ainsi des entraves aux échanges intra africain que l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) devrait aider à résoudre en boostant l’intégration par le commerce et l’investissement.
De l’avis de Macky Sall, au-delà des textes de la ZLECAf, et conformément au principe de subsidiarité et aux lignes directrices de l’Agenda 2063, il est important que les Communautés économiques et les Mécanismes régionaux intensifient leurs efforts visant à faciliter la réalisation d’infrastructures d’interconnexion entre pays membres.
C’est à ce prix, dira-t-il que la ZLECAf remplira pleinement sa triple vocation de levier pour le commerce, l’investissement et l’intégration.
D’autre part, soutient toujours Macky Sall, la crise actuelle rend encore plus évidente notre vulnérabilité en matière de sécurité alimentaire ; un paradoxe pour un continent qui détient 60% des terres arables, d’importantes ressources hydriques et une abondante main d’œuvre productive.
« Il y a urgence à mobiliser des investissements massifs, pour une production agricole conséquente en Afrique », plaide le président de la République du Sénégal.
En plus des efforts nationaux, il y a aujourd’hui trois initiatives sur l’agriculture pour la sécurité alimentaire en Afrique : celle de la Banque africaine de développement (BAD) avec le Plan africain d’urgence pour la production alimentaire dotée de 1,5 milliard de dollars ; l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission) pilotée par la France, et la Global Alliance for Food Security lancée par l’Allemagne.
Ce qui fait dire au président en exercice de l’UA, qu’il y a lieu de coordonner et harmoniser la mise en œuvre de ces trois initiatives pour éviter leur chevauchement et obtenir des résultats significatifs.
Rendre disponibles les engrais et les semences
Dans cette même veine, il a signalé que la production céréalière en Afrique est conditionnée par la disponibilité des engrais et des semences, ce qui requiert de développer de nouveaux partenariats afin de pouvoir produire sur le contient assez d’engrais pour l’utilisation locale.
Par ailleurs, le président de l’UA a regretté que l’Afrique est toujours confrontée aux barrières frontalières et douanières qui bloquent le commerce intra-africain.
En outre, il a relevé que l’un des freins majeurs au commerce intra-africain réside dans l’absence d’infrastructures entre les pays membres de l’UA, appelant les communautés économiques africaines et les mécanismes régionaux à intensifier leurs efforts pour remédier à ce problème.
La cérémonie d’ouverture de cette 4e réunion de coordination semestrielle de l’Union africaine a été marquée par la présence notamment du président zambien, Hakainde Hichilema, du président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, de l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, du président du Conseil européen, Charles Michel, et du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.
S’agissant de la réallocation partielle des Droits de tirage spéciaux (DTS) et de l’Initiative sur la suspension de la dette en soutien aux efforts de résilience et de relance économique des Etats, Macky Sall a avoué clairement qu’il « n’y a pas encore d’avancées significatives ».
Il en est de même du système de notation des agences d’évaluation et de la réforme des règles de crédit export de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a-t-il fait savoir.
Ces questions, ajoutées à la faible rémunération des ressources minières et aux pratiques fiscales abusives de certaines compagnies sur le continent africain, handicapent lourdement les pays en leur privant d’importantes ressources qui auraient pu largement contribuer à financer leurs budgets, a dénoncé le président Sall.
Pour lui, ce sont là des enjeux fondamentaux. « Il me semble important de leur consacrer plus de temps dans nos débats internes et avec les pays et institutions partenaires. C’est une façon de porter et intensifier le message pour un ordre économique mondial plus juste et plus équitable ».
Moctar FICOU / VivAfrik