Par Nathalie Mayer
Au mois de juin 2022, la population mondiale frôlait les 8 milliards d’individus. Mais jusqu’où pourrons-nous encore aller ainsi ? Jusqu’où les ressources de notre Planète pourront-elles encore supporter cette croissance démographique ? La question est complexe. Tentons d’y voir plus clair.
Pour passer de 500 millions à 1 milliard d’habitants sur Terre, il aura fallu à l’humanité quelque 300 ans. Pour doubler encore sa population ensuite, seulement 127 ans ont été nécessaires. En 1927, il y avait en effet 2 milliards de personnes sur notre Planète. Et il n’aura fallu ensuite que 47 ans pour que le nombre d’habitants sur Terre soit encore doublé. En 1974, nous étions 4 millions d’êtres humains. Une croissance « exponentielle ».
Celle-ci semble toutefois quelque peu marquer le pas. Nous étions 7.900.000 en juin 2022. Et la population mondiale ne devrait pas atteindre les 8 milliards avant 2023. Il aura donc fallu cette fois au moins 49 ans pour multiplier encore par deux le nombre d’habitants sur Terre. Les projections annoncent même que le chiffre devrait se stabiliser autour de 10 à 12 milliards d’ici 2100. Voire redescendre jusqu’à 7 milliards.
En effet, dans un environnement aux ressources illimitées, la population continuerait de croître à l’infini. Mais ce n’est pas le cas de notre Terre. L’humanité devrait donc bientôt être rattrapée par une certaine réalité biologique. Une sorte de limite à la population mondiale imposée par les ressources de notre Planète. Une croissance démographique qui s’arrête lorsque les morts prématurées par famine ou par maladie – le résultat de la surconsommation et de la pollution des ressources – viennent à équilibrer la natalité.
Une limite imposée par la surface cultivable
À en croire l’Institut Worldwatch (États-Unis), notre Planète disposerait d’environ 1,9 hectare de terre à offrir à chacun de ses habitants pour qu’il se nourrisse, qu’il s’habille, qu’il se loge et se chauffe et qu’il élimine ses déchets. L’ennui, c’est qu’aujourd’hui, la moyenne de la surface utilisée par habitant est plutôt déjà de l’ordre de 2,3 hectares. Et même de près de 10 hectares pour un Américain moyen.
L’avancée inexorable du « jour du dépassement » le confirme. En 1970, le jour à partir duquel nous commençons à puiser plus de ressources renouvelables que notre bonne vieille Terre est capable de nous en fournir tombait le 29 décembre. En 2022, il est annoncé pour… le 28 juillet !
Un sociobiologiste de l’université de Harvard (États-Unis) avance que pour assurer l’alimentation d’un maximum de personnes sur Terre, il faudrait que nous devenions tous végétariens. Car alors, les céréales cultivées seraient destinées à notre alimentation et non plus à celle du bétail. Dans ce cas, il estime que les 1,4 milliard d’hectares de terre arables pourraient nourrir environ 10 milliards de personnes. Pas plus. Et donc encore moins, même, tant que nous restons omnivores.
Le problème de l’eau
L’autre problème, c’est celui de l’eau. Elle est indispensable à la vie. Sans apport d’eau, un humain ne peut survivre plus de deux ou trois jours. Biologiquement, un adulte moyen qui vit dans une région tempérée et ne fournit pas d’effort physique particulier a besoin de 2,5 litres d’eau par jour, venant en partie de sa nourriture et en partie des boissons qu’il boit. Or, la consommation moyenne d’un Français est sans commune mesure. De l’ordre de 150 litres par jour. Et ce n’est presque rien comparée à celle d’un Américain moyen qui grimpe à… 4.000 litres par jour. Beaucoup de cette eau est utilisée pour produire de l’électricité ou encore pour irriguer.
Sur Terre, il y a plus de 1.350 millions de kilomètres cubes d’eau. Mais l’immense majorité se trouve dans les océans. Finalement, les experts estiment que seulement environ 0,5 % de cette eau correspond à une eau douce disponible. Comprenez une eau, non stockée, dans les glaciers ou les sols, par exemple. Soit quelque chose comme 6,75 millions de kilomètres cubes d’eau. Ou 6.750 milliards de litres d’eau.
Cela peut sembler beaucoup, mais si l’on se base sur la consommation moyenne d’un Américain… Et déjà 2 milliards d’humains n’ont pas un accès facile à une eau potable. Même dans les pays industrialisés, l’eau est parfois contaminée par des agents pathogènes, des métaux lourds ou autres. Il n’y a pas que la quantité qui compte. La qualité est importante aussi.
Des estimations très variées
Au-delà de la surface agricole et de l’eau disponible, se posent aussi, entre autres, les questions de l’azote, du phosphore et des concentrations en carbone dans notre atmosphère.
De nombreux facteurs qui expliquent sans doute pourquoi les estimations des scientifiques qui ont tenté de calculer combien notre Terre peut supporter d’êtres humains varient tant. De 500 millions à plus de 1.000 milliards ! D’autant que certains discutent même encore de la manière la plus appropriée de calculer la capacité de charge maximale de notre Planète. La plupart des études, finalement, parviennent à s’accorder sur un chiffre de l’ordre de 8 milliards. Et nous y sommes…
Nathalie Mayer, Journaliste