Alors que l’Afrique a besoin de 1 300 à 1 600 milliards dollars de financement entre 2020 et 2030 pour faire face de manière efficace au changement climatique, la crise alimentaire mondiale s’aggrave en raison de la guerre en Ukraine. Ainsi, les yeux du monde se tournent vers l’Afrique pour trouver des solutions. Toutefois, les experts estiment qu’il est encore trop tôt car le continent n’est pas prêt.
« Il est bien connu que la productivité, en particulier chez les agriculteurs, est très faible. La révolution verte qui a radicalement changé la productivité et la production, notamment en Asie et en Amérique latine, n’a pas vraiment eu cet impact en Afrique. Je pense que l’une des préoccupations est que les marchés ne fonctionnent pas particulièrement bien en Afrique », a expliqué Jakob Svensson, de l’Université de Stockholm.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), les besoins africains en matière de lutte contre le changement climatique concernent notamment le financement de l’atténuation des catastrophes climatiques, le financement pour faire face aux pertes et préjudices et celui pour l’adaptation aux changements climatiques.
La Corne de l’Afrique, par exemple, connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. Les Nations unies affirment que des dizaines de millions de personnes sont affamées sur le continent.
Suffisant pour beaucoup de fuir pour rechercher une vie meilleure. Certains se rendent en Europe. Entre janvier et mai 2022, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX) a enregistré l’arrivée de quelque 86 000 migrants illégaux.
Dans son rapport sur les perspectives économiques africaines en 2022, l’institution financière africaine a indiqué que sur ce montant, 715 milliards dollars sont nécessaires pour l’atténuation des effets du changement climatique, 1,3 milliard dollars pour les besoins techniques et technologiques, entre 289 et 440 milliards dollars pour les pertes et préjudices alors qu’entre 259 et 407 milliards dollars seront nécessaires pour financer l’adaptation climatique. Sur ce dernier point, c’est d’ailleurs l’Afrique de l’Est qui enregistre le coût d’adaptation le plus élevé (jusqu’à 143 milliards dollars).
Pendant la pandémie de Covid-19, il y a eu une légère diminution de l’arrivée de migrants illégaux en Europe, mais elle était temporaire.
« Actuellement, nous assistons à une situation beaucoup plus désespérée. Nous voyons des familles entières quitter l’Afrique de l’Ouest et ce que nous constatons, c’est qu’il existe de nouvelles routes. En général, la route qui a fait le plus de morts est celle de la Méditerranée centrale, où les gens arrivent d’Afrique de l’Ouest, traversent le désert du Sahara et ont beaucoup de problèmes en Libye… Sur cette route désertique et en Libye, beaucoup de gens sont morts dont nous ne savons presque rien. On parle toujours de la Méditerranée, mais la plupart des gens qui tentent la route meurent dans le désert, meurent en Libye ou sont en situation de travail forcé. Ce que nous constatons maintenant, c’est une augmentation, donc depuis l’année dernière, 2021, les chiffres ont déjà atteint les chiffres pré-pandémie. Les chiffres augmentent maintenant en 2022, les décès augmentent. En plus de cela, il y a de nouvelles routes. Nous voyons maintenant beaucoup de familles qui tentent de se rendre aux îles Canaries… Cette route n’existait pas avant la pandémie », a fait valoir Cátia Batista, de Nova SBE et Novafrica.
Moctar FICOU / VivAfrik