L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a affirmé que les déchets plastiques devraient continuer d’augmenter d’ici à 2060 si des mesures ne sont pas mises en œuvre contre ce fléau qui menace l’environnement et contribue à l’effondrement de la biodiversité. Selon l’Organisation, sa production pourrait quasiment tripler dans les prochaines années.
« La production et les déchets plastiques vont fortement augmenter d’ici à 2060, même si des mesures d’encadrement fortes sont prises au niveau mondial », a averti vendredi 3 juin 2022 l’Organisation de coopération et de développement économiques, alors que l’Organisation des Nations unies (ONU) a récemment lancé des négociations pour lutter contre cette pollution.
Un rapport de l’OCDE relève que si rien n’est fait, la production de plastique va quasiment tripler par rapport à 2019, passant de 460 millions de tonnes à 1 231 millions de tonnes (Mt), et celle des déchets plastiques augmenter dans les mêmes proportions, de 353 Mt à 1 014 Mt ».
Le document ajoute que les centaines de millions de tonnes de déchets produits chaque année, qui se dégradent en microplastiques, se retrouvent dans tous les océans du globe, dans la banquise, dans le corps des humains et dans celui des animaux, et même dans de l’air prélevé au sommet de montagnes.
Suffisant pour l’ONU de de lancer, début mars 2022, les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique, fléau qui menace l’environnement et contribue à l’effondrement de la biodiversité. Mais la mise au point d’un texte n’est pas attendue avant 2024.
Deux scénarios
L’OCDE évalue deux scénarios avec des mesures renforcées portant sur l’entièreté du cycle de vie des plastiques (production/utilisation/recyclage ou élimination), comme le prévoit le mandat des négociateurs du futur traité international.
Le premier scénario « d’action régionale » prévoit des engagements différenciés par pays, avec des mesures plus ambitieuses pour ceux de l’OCDE, plus riches. Le deuxième, « d’ambition mondiale », envisage « un ensemble de mesures très rigoureuses destinées à réduire les rejets mondiaux de plastiques à un niveau proche de zéro à l’horizon 2060 ».
Mais même dans ces deux scénarios, l’utilisation des plastiques et la production de déchets connaissent une forte augmentation. En « action régionale », la production de plastiques passe de 460 Mt à 1 018 Mt (soit 17 % de moins que le niveau prévu si rien n’est fait) et celle de déchets grimpe de 353 Mt à 837 Mt (également -17 %). Seules les quantités de « déchets mal gérés » et des « rejets de plastique » dans l’environnement baisseraient en valeur absolue par rapport au niveau de 2019.
« Un coût économique assez limité »
Le volume de déchets mal gérés passerait de 79 Mt en 2019 à 59 Mt en 2060 dans le scénario régional et à 6 Mt dans le scénario mondial, contre une augmentation à 153 Mt si rien n’est fait. Les rejets dans la nature diminueraient de 22 Mt à 20 Mt dans le scénario régional et à 6 Mt dans le scénario mondial, contre une augmentation à 44 Mt sans aucune mesure.
Si rien n’est fait, les stocks déjà accumulés dans les milieux aquatiques seraient multipliés par trois pour les cours d’eau et les lacs (109 Mt à 348 Mt) et par près de cinq dans les océans (30 Mt à 145 Mt).
L’OCDE estime que les deux scénarios de réduction pourraient être mis en œuvre « pour un coût relativement modeste rapporté au PIB ». L’action régionale entraînerait une réduction de « seulement 0,3 % » du PIB mondial par rapport au scénario « de référence », sans aucune action de limitation. Mais avec de fortes disparités régionales, les principaux perdants étant l’Afrique subsaharienne (1,1 %) et les pays de l’Union européenne non-membres de l’OCDE (1,8 %).
Le scénario « d’ambition mondiale » réduirait de son côté le PIB mondial de 0,8 % par rapport au scénario de référence, « ce qui montre une fois de plus que les politiques publiques ont un coût économique assez limité », souligne l’OCDE.
Moctar FICOU / VivAfrik
Avec lemonde.fr