La sécurité alimentaire au Maghreb, enjeu économique et politique pour les Européens

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La Tunisie connaît depuis des semaines des pénuries de produits de base (farine, pâtes, riz, huiles végétales…). La situation inquiète les Tunisiens, mais aussi les Européens. Sur le terrain, certains acteurs s’activent pour éviter que la situation n’empire. Un groupe d’experts français s’est rendu en Tunisie pour promouvoir la culture du colza auprès d’agriculteurs tunisiens, marocains, mais aussi algériens. Un partenariat qu’ils espèrent gagnant-gagnant, estime Amira Souilem à RFI dans sa rubrique « Afrique économie ».

« Soyez les bienvenus ! » Casquettes vissées sur la tête, lunettes de soleil et sac à dos, ils ont tout d’un groupe de touristes. Eux qui arpentent la région de Bizerte ne sont pourtant pas venus admirer ses fameux sites antiques, mais plutôt ses champs de colza. « Une plante de colza c’est une plante qui fait un mètre cinquante de haut, ça reste une belle plante qui embellit nos paysages méditerranéens. »

Cet homme qui évoque amoureusement les plants de colza est Aziz Bouhajba, président de l’association tunisienne pour une agriculture durable. Aujourd’hui, la culture de colza s’étend sur 15 000 hectares en Tunisie. Le pays pourrait faire beaucoup mieux selon lui.

« Le potentiel théorique est de l’ordre de 300 000 hectares. Cette filière permettrait à horizon 2030 d’être autosuffisante à 50% en huile, ce qui est considérable, explique Aziz Bouhajba. Elle réduirait non seulement la facture d’importations, mais permettrait aussi à notre pays d’être moins soumis aux aléas des marchés internationaux. »

Échaudée par la guerre en Ukraine et les problèmes d’approvisionnements, la Tunisie qui importe 98% de ses huiles végétales cherche à encourager la production locale de colza ou encore de tournesol. Pour y arriver, les agriculteurs tunisiens, mais aussi leurs homologues marocains ou encore algériens peuvent compter sur l’aide de la France.

Augustin David fait partie des experts français dépêchés sur place. Aider, oui, d’autant que les entreprises françaises y trouvent leurs comptes : « Les entreprises européennes ont un savoir-faire, une expertise, ont des entreprises performantes qui peuvent trouver un réel relai de croissance. Et puis c’est aussi de l’investissement d’outils industriels. »

Au-delà de l’intérêt économique que la France pourrait tirer de l’essor de cette filière en Afrique du Nord, il y aurait aussi des enjeux géopolitiques qui entreraient en ligne de compte. « Le fait d’avoir accès à la nourriture en quantité suffisante et à un prix raisonnable permet aussi d’avoir une population dans un bon état social et un pays dans une tranquillité civile. Si on avait des crises majeures au Maghreb, on aurait des phénomènes migratoires ou des grippages des circuits économiques. »

Preuve que la question des approvisionnements alimentaires vers le Maghreb préoccupe l’Union européenne, celle-ci vient de débloquer 20 millions d’euros à destination de la Tunisie afin qu’elle puisse se ravitailler en céréales.

Moctar FICOU / VivAfrik

Avec RFI                

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