Le président de la République sénégalaise ne varie pas sur sa position alors que, pendant la 26ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) qui s’est tenue du 1ᵉʳ au 13 novembre 2021 à Glasgow, plusieurs pays s’étaient mis d’accord pour mettre fin aux financements des énergies fossiles. Une idée qualifiée de congrue par Macky Sall soutenu récemment par la Fondation Mo Ibrahim pour qui, cette décision est « une erreur » soulignant l’importance de trouver un point d’équilibre entre l’accès à l’énergie pour tous et la protection du climat.
Rappelons que l’Afrique contribue pour moins de 4% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Suffisant pour le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Sénégal Macky Sall, d’estimer qu’il n’est pas raisonnable de demander au continent de renoncer rapidement à l’exploitation de son gaz naturel.
Le président sénégalais a ainsi défendu mercredi 25 mai 2022, le droit de l’Afrique de poursuivre l’exploitation de ses importantes réserves de gaz naturel pendant encore deux à trois décennies, au nom du principe de la justice climatique.
S’exprimant à l’occasion du forum annuel de la Fondation Mo Ibrahim, consacré au changement climatique, il a laissé entendre que « l’Afrique a besoin de gaz, l’Europe en a besoin, les Etats-Unis aussi, et ils en produisent beaucoup. Il n’est pas raisonnable de demander aux pays africains de renoncer au gaz pendant que les autres sont encore au charbon et au fuel ».
Poursuivant son allocution, le chef de l’Etat sénégalais a renchéri : « durant la 27ème Conférence de la convention cadre des Nations unies sur le climat (COP 27) à Charm el-Cheikh (en Egypte), nous devons travailler pour que le débat sur la transition énergétique soit vraiment juste, et que l’Afrique puisse continuer à utiliser le gaz qui est l’une des sources d’énergie fossile les moins polluantes ».
Macky Sall a plaidé pour une transition énergétique juste pour l’Afrique. Pour lui, le continent devrait être autorisé à utiliser ses propres ressources, notamment le gaz naturel, afin de combler son déficit énergétique.
La décision de plusieurs pays développés de ne plus financer des projets gaziers en Afrique lors de la COP26 vise à contribuer, selon eux, à atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique relatifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais, le président sénégalais qui est aussi le président en exercice de l’Union africaine a plaidé pour une transition énergétique s’étalant sur 20 ou 30 ans sur le continent africain, au nom de la justice climatique.
« Dans le cadre d’une transition d’une durée de 20 à 30 ans, nous devrons développer le gaz, et permettre que les banques de développement financent des projets gaziers. Les pays africains devraient investir dans des énergies propres, tout en continuant à avoir des énergies de base qui permettent le développement et l’accès à l’électricité aux 600 millions de personnes qui en sont encore privées. Nous interdire l’exploitation du gaz serait injuste », a-t-il dit.
Selon lui, la décision d’un certain nombre de pays riches de cesser le financement de développement de champs de gaz en Afrique est « d’autant plus surprenante que ces pays utilisent abondamment des sources beaucoup plus polluantes que le gaz ».
A l’heure où l’Afrique est la région la moins responsable historiquement du dérèglement climatique, Macky Sall a appelé les pays du continent à réclamer l’application du principe du pollueur-payeur et l’alimentation du Fonds d’adaptation au changement climatique pour que l’Afrique puisse développer des énergies renouvelables.
Pour sa part, le Sénégal devrait rejoindre dès 2023 le club des puissances gazières mondiales, grâce notamment au projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA). Ce gisement découvert à 60 kilomètres des côtes sénégalo-mauritaniennes recèle 1 400 milliards de mètres cubes de gaz.
Moctar FICOU / VivAfrik