Le président Cyril Ramaphosa a ouvert la Conférence mondiale sur le travail des enfants à Durban, en Afrique du Sud, qui accueille dimanche 15 mai 2022. Cette cinquième Conférence mondiale vise à élimination le travail des enfants. C’est un rendez-vous important à moins de trois ans avant d’atteindre l’objectif pour mettre fin à l’exploitation des jeunes fixé à 2025. Pendant les prochains jours, les délégués vont tenter de faire un bilan sur les progrès accomplis depuis 2017, date de la dernière rencontre.
De prime abord, il est bon de saluer la tenue de cette conférence, la première du genre sur le sol africain, surtout lorsqu’on sait que sur les 160 millions d’enfants forcés à travailler dans le monde, environ 60% se trouvent en Afrique.
L’objectif visé est de mettre fin au travail des enfants qui touche ces 160 millions de jeunes dans le monde, et ce, d’ici à trois ans. Ce n’est pas gagné, reconnaît le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a ouvert la conférence dimanche.
« Les chiffres du travail des enfants sont en constante hausse, notamment chez les plus jeunes. Et ces enfants ne peuvent pas aller à l’école parce qu’ils doivent travailler pour leurs familles, s’occuper d’un parent ou d’un grand-parent âgé, ou travailler à la ferme ou effectuer toutes sortes d’autres tâches. »
Poursuivant son allocution, Cyril Ramaphosa a déploré cette situation en ces termes : « le travail des enfants sous toutes ses formes, c’est un fléau. Pour beaucoup de gens, les mots « travail des enfants » évoquent des images de jeunes qui travaillent dur dans des ateliers clandestins ou dans des usines informelles, mais il existe aussi une face cachée qu’on ne voit pas : les enfants réduits à l’esclavage domestique par leurs familles. L’un des défis les plus importants c’est que les conditions matérielles désastreuses auxquelles des millions de familles dans le monde entier sont confrontées les placent devant un dilemme. Lorsque la vie est une question de survie et que les familles luttent pour joindre les deux bouts, leurs enfants sont souvent obligés de quitter l’école pour aller gagner un salaire afin d’aider leurs parents. Il est de notre devoir et de notre responsabilité, en tant que membres de la communauté internationale, de veiller à ce qu’aucun parent ne soit jamais mis devant une telle situation ».
Un véritable malaise auquel est confronté un bon nombre d’Etats en Afrique de façon générale, et en Afrique subsaharienne en particulier et ce, malgré les efforts entrepris pour éradiquer ce phénomène. A l’analyse, la pauvreté et l’ignorance sont les principales raisons de ce fléau. La Côte d’Ivoire, par exemple, était accusée, à tort ou à raison, depuis de nombreuses années, par certains pays européens acheteurs de cacao, qui avaient menacé, on s’en souvient, de boycotter le produit si ce pays ne mettait pas en place un système de lutte contre le travail des enfants de 5 à 11 ans, dans les plantations de café et de cacao.
Cette menace mise à exécution, a eu un écho favorable auprès des autorités ivoiriennes. On assistera alors à la forte implication de Dominique Ouattara, la première dame de Côte d’Ivoire, qui, avec son franc-parler, a pris son bâton de pèlerin afin d’aller rencontrer les planteurs de café et de cacao dans les régions de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Ainsi, les nombreuses campagnes de sensibilisation des planteurs dans ces régions productrices de café et de cacao, destinées à ne plus utiliser les enfants dans les plantations, ainsi que la sensibilisation sur le bien-fondé de l’école pour ces enfants, a contribué à réduire considérablement le fléau.
Lors de son speech, Cyril Ramaphosa a pointé une nouvelle forme d’esclavage domestique qui réduit des enfants pauvres au travail forcé. La pauvreté a été aggravée par la pandémie du Covid-19, selon lui. Pour pallier ce problème, plusieurs pistes sont évoquées : une meilleure protection sociale des enfants et la véritable mise en place d’une éducation universelle gratuite. D’ici à vendredi 20 mai 2022, les délégués devraient adopter une déclaration résumant les actions à prendre, la déclaration de Durban.
D’après l’organisation internationale du travail (OIT) qui organise cet événement, 8 millions d’enfants supplémentaires devraient être contraints à travailler en raison de la pauvreté.
On retrouve beaucoup d’enfants dans les marchés. On trouve des garçons avec des brouettes qui portent des marchandises. Donc le secteur du commerce est très concerné par rapport au travail des enfants.
Moctar FICOU / VivAfrik