Le ministre Sénégalais de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) a reçu, ce jeudi 12 mai 2022 au sein dudit ministère, le Président-directeur général (PDG) du Centre mondial sur l’adaptation (GCA) afin de l’informer des progrès dans la mise en œuvre de son Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA) et procéder, sous sa supervision, à la signature des Lettres d’Intention relatives au soutien à l’accès direct au Fonds vert pour le climat (FVC). Abdou Karim Sall et son hôte ont également formalisé, lors de ce face-à face, le soutien du GCA au gouvernement du Sénégal pour l’approfondissement de l’accès direct.
Signalons que le Sénégal est un pays pionnier en Afrique et dans le monde, en termes d’interactions avec le Fonds vert pour le climat (GCF). Le pays a eu l’une des premières entités nationales accréditées par le GCF, mais aussi l’un des sept premiers financés par le GCF. Le pays a eu à ce jour 12 projets financés par le GCF pour une valeur de 3 milliards USD (dont 159,7 millions USD sur ressources propres du GCF), sans compter six subventions de préparation pour une valeur de 2 millions de dollars.
C’est dans cette perspective que la lutte contre les changements climatiques constitue une priorité pour le Sénégal au regard de sa vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes et à leurs conséquences environnementale, sociale et économique.
Cette lutte « conditionne ainsi le succès des politiques, stratégies, plans et programmes de développement du pays en raison de son ampleur et sa transversalité. Au regard de cette vulnérabilité, un certain nombre de mesures ont été prises dont l’élaboration de la Contribution déterminée au niveau nationale (CDN) ; le Programme pays du Fonds vert pour le climat (FVC), pour un montant de (953 410 567 USD pour la phase 2018 – 2025 et 1 388 319 708 USD pour la phase 2026 – 2030) et une stratégie nationale de mobilisation du financement climat et un Plan national d’adaptation couvrant dix secteurs, en cours d’élaboration, a dit le ministre de l’Environnement et du Développement durable lors de l’événement initié par le Centre global sur l’adaptation.
Cependant, une contrainte majeure demeure, selon Abdou Karim Sall, c’est « la problématique du financement qui reste encore difficile à mobiliser en raison de la complexité des mécanismes d’accès au niveau des ressources extérieures et de l’insuffisance d’initiatives au niveau intérieur du pays ».
Selon la CDN validée en décembre 2020, le coût pour mettre en œuvre les programmes d’adaptation dans les secteurs les plus affectés est estimé à près de 4,3 milliards de dollars US, dont 1,4 milliards US$ d’inconditionnel et 2,9 milliards US$ de conditionnel ; auxquels il faut ajouter 8,7 milliards $ US pour les actions d’atténuation, a détaillé M. Sall.
Au regard des besoins financiers estimés pour l’adaptation, il sera difficile pour le gouvernement, de financer les projets contenus dans les documents précités.
C’est pourquoi, a-t-il informé, au niveau national, un processus a été mis en place devant permettre de mieux bénéficier des mécanismes de la finance climatique.
« Dans le cadre du Fonds vert pour le climat, le Sénégal compte deux entités accréditées pour l’accès direct à savoir le Centre de suivi écologique (CSE) et La banque agricole (LBA). Le CSE, également accrédité au Fonds pour l’Adaptation, a obtenu un renouvellement de son accréditation au Fonds vert pour le climat en mars 2022 et peut de nouveau soumissionner des projets ne dépassant pas 10 millions de dollars, de catégorie C pour les risques environnementaux et sociaux et éligibles aux subventions », a fait valoir le responsable Sénégalais.
Pour qui, la Banque agricole est la deuxième entité nationale à être accréditée au FVC et il est attendu de cette accréditation une mobilisation des ressources du secteur privé pour le financement des projets d’adaptation et d’atténuation. La Banque sera en mesure de mettre en place des lignes de crédits avec un niveau de concessionnalité élevé qui représentera une grande opportunité pour les investisseurs.
« En sus de ces deux structures, le FONSIS (Fonds souverain d’investissements stratégiques) et le FONGIP (Fonds de garantie des investissements prioritaires) ont été ciblés pour l’accréditation au FVC. Le but serait de pouvoir couvrir l’offre d’instruments financiers. Ainsi, dans le cadre du Readiness de 2020-2022 déroulé par la Banque agricole, le FONSIS et le FONGIP ont bénéficié des ressources du FVC pour réaliser une évaluation de leurs besoins et identifier les lacunes qui est une des étapes clés de l’accréditation. Ces actions, dont je me félicite, devront être renforcées pour une meilleure prise en charge de l’adaptation dans nos pays », s’est réjoui Abdou Karim Sall.

De son côté, le Professeur Patrick Verkooijen, président-directeur général du Centre global sur l’adaptation qui a signé les Lettres d’Intention relatives au soutien à l’accès direct au Fonds vert pour le climat (FVC) avec les responsables de 4 entités directes nationales notamment Thérèse Faye Diouf, directrice générale du Fonds de garantie des investissements prioritaires, Fatoumata Sène, représentante du Fonds souverain d’investissement stratégique, Malick Ndiaye, directeur de la Banque agricole et le Pr Cheikh Mbow du Centre de suivi écologique a rassuré que son institution travaille entités engagées dans la lutte pour le climat.
« Aujourd’hui, nous nous sommes ici pour lancer un partenariat. Avec vous, sous la direction du gouvernement, et avec l’appui du Centre mondial sur l’adaptation, nous travaillons pour vous. Comme vous le savez, il existe un montant substantiel pour le climat dans le système mondial. Le Fonds vert pour le climat est capitalisé et il est très difficile pour les entités du continent africain d’avoir accès à ces financements », a reconnu le président-directeur général du GCA affirmant que beaucoup d’entités en Afrique ne sont pas accréditées.
Moctar FICOU / VivAfrik