Les continents africain et européen travaillent la main dans la main pour donner un nouvel élan à la recherche agronomique entre ces deux parties. Cette initiative a pour dessein de faire face aux défis majeurs dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement dont les deux continents sont confrontés. Pour réussir cette mission, les centres de recherche tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et le Centre de coopération internationale de recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et une trentaine d’organismes africains ont lancé un programme commun baptisé « Transformer les systèmes alimentaires et l’agriculture par une recherche en partenariat avec l’Afrique » (TSARA). Certains représentants de ces organisations étaient présents au Salon international l’agriculture de Paris. Ils expliquent les priorités qu’ils souhaitent voir mises en avant.
Après avoir clarifié les priorités qu’ils souhaitent voir mises en avant, les initiateurs de ce programme commun ont détaillé que cette « plateforme de recherche d’envergure inédite a pour objectif de renforcer la coopération scientifique entre les deux continents et d’accroître l’impact de la recherche agronomique ». Au Maroc comme dans de nombreux pays du continent, le pays fait face à des périodes d’intense sécheresse, et de raréfaction des ressources en eau.
D’après le professeur Mostafa Errahj de l’école nationale d’agriculture de Meknès qui met en avant la nécessité de trouver un nouveau modèle agricole, « il y a une pression terrible sur les ressources naturelles. Donc c’est une forme de transition en décélérant et puis une autre forme aussi, c’est préserver les pratiques agroécologiques et les formes d’agriculture en Afrique du Nord qui sont assez bien respectueuses de l’environnement, mais qui ne sont pas assez productives. Donc il y a quand même une situation intermédiaire à créer, ou trouver un équilibre entre les besoins alimentaires liés à une démographie galopante, mais aussi des ressources naturelles non renouvelables qui risquent d’être mises en danger. La recherche et la formation ont un rôle très important à jouer pour alimenter et infléchir les politiques publiques ».
En Afrique centrale, plus précisément au Cameroun, l’agriculture s’appuie sur un réseau de petits agriculteurs. A cet effet, le docteur Noé Woin, directeur de l’Institut de recherche agricole pour le développement a souligné la nécessité de mieux transmettre les avancées techniques aux acteurs de terrain. A l’en croire, « il faut des ajustements entre les différents acteurs pour que ces innovations se retrouvent véritablement au niveau du producteur de base. Il s’agit de décloisonner les disciplines afin de créer des synergies d’action entre les différentes disciplines agronomiques. »
Pour sa part, le professeur sud-africain Julian May, du Centre d’excellence pour la sécurité alimentaire, il faut une transmission des recherches aux acteurs de terrain mais aussi aux décideurs politiques. Suffisant pour lui d’indiquer que la réflexion doit aussi porter sur cet enjeu. « Je pense qu’il y a aussi la question de : « que faisons-nous de nos recherches ? » Trop souvent, nos recherches sont laissées aux laboratoires, on ne réfléchit pas à la façon dont la recherche va se traduire en décision. La nature même d’un scientifique ou d’un chercheur fait qu’ils ne sont pas nécessairement bons pour communiquer leurs connaissances au grand public. On l’a aussi vu pendant l’épidémie de Covid, on a arrêté de croire les scientifiques parce que nous on parle en termes de probabilités, on ne fait pas de promesses. Et c’est quelque chose qui n’est pas facile à comprendre pour un décideur qui est sous pression pour faire ceci ou cela. Ce sont des barrières que nous devons essayer de faire tomber. »
Selon lui, les défis vont également se présenter. Mais réussir à construire une coopération symétrique par exemple ou accorder les objectifs de ces organismes aux agendas très différents l’objectif ultime.
Moctar FICOU / VivAfrik