Alors que les français s’apprêtent à élire un nouveau président de la République, la candidate à présidentielle 2022, Valérie Pécresse a exprimé son souhait de mettre fin à la jachère imposée aux agriculteurs. Un discours qui suscite de vives réactions dans un contexte écologique plus que préoccupant.
Sur son compte Twitter, Valérie Pécresse a indiqué à geo.fr, mardi 1er mars 2022, au lendemain de son passage au salon de l’agriculture ceci : « non à la décroissance agricole ! Je veux mettre fin au 4% de jachère imposés aux agriculteurs. Face aux enjeux alimentaires et au nouveau contexte international, nos terres agricoles doivent pouvoir produire ». Il s’avère que, si la candidate à l’élection présidentielle 2022 semble vouloir se ranger du côté des agriculteurs, chez les principaux concernés (et pas seulement) ses déclarations sont loin de faire l’unanimité.
La jachère qui est le fait de cesser temporairement tout travail agricole sur une surface donnée pour la mettre au repos permet à la terre et aux sols de se reconstruire, de restaurer leur fertilité, mais également de limiter la surproduction agricole. Supprimer ces temps de pause essentiels impliquerait donc de sacrifier davantage de surfaces « saines », ce qui ne serait pas sans conséquences sur l’environnement.
Guillaume Pire, viticulteur du côté de Saumur qualifie cette décision de catastrophique. Ainsi, il s’inquiète des conséquences d’une agriculture toujours plus intensive. « Tous les indicateurs sont au rouge sur la biodiversité ! Il n’y a plus d’oiseaux, plus d’insectes… Le temps des demi-mesures est révolu, il faut changer de modèle, penser au bien commun, aux générations futures. Cultiver c’est enrichir, exploiter c’est appauvrir ! », a-t-il dénoncé.
Pour M. Pire, supprimer la jachère est un désastre pour la biodiversité. Celui dont deux tiers du domaine est dédié à la biodiversité a relevé que « l’utilisation massive de pesticides tue la biodiversité, est la vie des sols. Grâce à la jachère, il est possible de garder des zones refuge, vierges de tout produit chimique. Car ce sont eux qui polluent les sols et les eaux en se propageant ». A l’en croire, l’agriculture intensive, dit pesticides, dont les conséquences désastreuses sur l’écologie ne sont plus à prouver.
Ces mêmes préoccupations sont partagées, selon geo.fr, par Cécile Claveirole, pilote du réseau agriculture au sein de l’association France Nature Environnement, qui a souligné l’incohérence des propos de Valérie Pécresse avec le programme de la Politique agricole commune (PAC). « Il n’est absolument pas question de supprimer la jachère, car c’est le support de la biodiversité ! Ce qu’il faut, c’est créer un certain pourcentage d’infrastructures agro-écologiques pour favoriser la fertilité des sols, et à terme, aider la production ».
Alors ces infrastructures agro-écologiques, en quoi consisteraient-elles ? En réalité, il s’agirait de « créer des marres, des haies ou de planter des arbres pour accroître la diversité des organismes, des insectes, de la végétation, etc », a laissé entendre geo.fr, Cécile Claveirole. En d’autres termes, l’idée est donc de végétaliser les terres afin de rebooster la biodiversité.
Moctar FICOU / VivAfrik