Trente personnes ont perdu la vie en raison du cyclone Batsirai qui s’est abattu sur Madagascar dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 février 2022 avant de quitter l’île lundi matin, a-t-on appris du dernier bilan non définitif. Ce décompte publié le matin du mercredi 9 février 2022 par le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), qui compile les éléments remontés depuis les régions les plus touchées, pourrait encore s’alourdir alors que des corps continuent à être retrouvés dans les décombres de maisons effondrées.
Après ces destructions, les inondations menacent les rizières, dans le sud de Madagascar, ce qui alarme le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Paysan à Tamatave, sur la côte est de Madagascar, Hygin Ravalulahy s’est lamenté devant les dégâts causés par le cyclone sur ses plantations. « Toutes les rizières, les arbres, les bananiers, les manguiers sont détruits encore ici. J’avais une pisciculture où il y avait beaucoup de poissons, elle est détruite », s’est désolé M. Ravalulahy.
L’organisme public recense aussi plus de 94 000 sinistrés et près de 60 000 déplacés, alors que de nombreuses ONG et agences de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont commencé à déployer des ressources et des équipes pour venir en aide aux victimes de ces pluies diluviennes et vents extrêmement forts.
L’état des rizières inquiète également Jean-François Basse, le représentant de l’UNICEF dans le pays. « Les inondations ont été une source extrêmement importante de pertes pour les agriculteurs et tous ceux qui travaillent dans les rizières. Les partenaires, telle la FAO, ont mis en place des plans pour faire en sorte que les besoins immédiats puissent être pris en charge et cela à travers des stocks qui avaient été prépositionnés à l’avance. Nous leur apportons également du cash pour pouvoir faire en sorte de compenser les pertes agricoles », explique-t-il.
Le cyclone tropical a frappé Madagascar sur une zone côtière de 150 km de long, peu peuplée et agricole, avant de se déplacer vers le centre, ravageant le « grenier à riz » du pays en faisant déborder des rivières dans les rizières, ce qui fait craindre une crise humanitaire.
A ce propos, Pasqualina DiSirio, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le pays a laissé entendre que « les rizières sont endommagées, les récoltes de riz perdues. C’est la principale culture des Malgaches et leur sécurité alimentaire sera sérieusement affectée dans les trois à six prochains mois si nous n’agissons pas immédiatement ».
Toutefois, s’il est encore trop tôt pour chiffrer précisément les dégâts causés par la catastrophe, l’impact du cyclone pourrait aussi être positif pour le secteur agricole. « Sur les zones ouest et sud-ouest, les gens attendaient de la pluie. Il y a des cultures pluviales sur colline qui ont globalement profité de la pluviométrie. De même pour les cultures de maïs… Pour ceux qui ne sont pas sur la trajectoire centrale du cyclone », a expliqué l’agronome et président de Mieux vivre ensemble, Jean-Hervé Fralin. Pour que l’impact reste positif, il ne faudrait pas, reconnaît-il, que les rizières soient submergées plus de quatre jours.
Moctar FICOU / VivAfrik