Le Sénégal accueille un nouveau projet d’écologie participative et résilience communautaire au changement climatique                

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La réserve communautaire de Tocc Tocc, située au nord du Sénégal qui abritait, mercredi 2 février 2022, la cérémonie de célébration de la Journée mondiale des zones humides a servi de tribune pour le lancement du projet d’écologie participative et résilience communautaire au changement climatique en présence d’une délégation de la Direction des parcs nationaux (DPN) du Sénégal et la population qui habite au sein de la réserve, un site d’importance international.                  

La réserve naturelle communautaire de Tocc Tocc et le lac de Guiers au Sénégal forment un carrefour crucial sur la voie de migration de l’Atlantique Est, qui part du nord de l’Arctique jusqu’en Afrique du Sud en passant par l’Afrique de l’Ouest, et constitue un habitat essentiel pour des millions d’oiseaux migrateurs, a indiqué un communiqué de BirdLife International parvenu à VivAfrik.

Cette zone humide d’importance internationale, l’un des huit sites Ramsar que l’on trouve au Sénégal, fournit des services écosystémiques vitaux à des milliers de personnes locales, y compris des moyens de subsistance (pêche, irrigation, élevage, écotourisme), tout en étant la principale source d’eau potable pour des millions de citadins à Dakar.

Le document officiel souligne en effet que les zones humides soutiennent la vie. Elles fournissent des services écosystémiques d’une valeur de 47 mille milliards de dollars (USD) par an, y compris pour la culture du riz, source de subsistance pour 3,5 milliards de personnes, et ces habitats abritent 40% des espèces animales et végétales mondiales. En plus, les zones humides sont de puissantes solutions pour la crise climatique : elles stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts mondiales, protègent les communautés côtières des catastrophes naturelles et régulent les flux d’eau pour prévenir les inondations et les sécheresses. Cependant, elles disparaissent plus vite que tout autre écosystème.

« Dans la réserve naturelle communautaire de Tocc Tocc, souligne la même source, la fourniture de ces multiples bénéfices est menacée par l’utilisation non durable de ses ressources et la prolifération du Typha, une plante aquatique envahissante limitant l’accès à la pêche et affectant l’équilibre écosystémique.

À l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale des zones humides (JMZH), le 2 février 2022, BirdLife International et son partenaire au Sénégal, Nature – Communautés – Développement (NCD), accompagnés par une délégation de la Direction des parcs nationaux du Sénégal ont consacré le lancement d’un nouveau projet financé par la Fondation Alstom qui aspire à soutenir les efforts de restauration de cette réserve et de valorisation durable de ses ressources naturelles au profit des communautés locales vivant aux alentours, a renseigné le communiqué de presse.

A cet effet, Aliou Bah, directeur exécutive de NCD a spécifié, dans le texte, que « l’objectif de ce projet est de renforcer la résilience communautaire face au changement climatique en s’appuyant essentiellement sur, d’une part, la réhabilitation participative des écosystèmes naturels dégradés sur lesquels toute la vie des populations locales repose et, d’autre part, sur la promotion de l’entreprenariat vert, notamment la valorisation du 15 hectares de Typha en biocharbon et matériaux de construction écologique et le reboisement de 5 000 arbres ».

Le projet a donc été présenté à la communauté lors de la cérémonie de lancement du projet qui a vu la participation de tous les 5 Conservateurs des parcs et réserves du Nord du Sénégal, y compris le Parc national des oiseaux du Djoudj. La cérémonie a permis d’informer et d’inviter les communautés à s’impliquer directement dans l’exécution des activités du projet, qui soutiendra au moins 150 membres de la communauté à se mobiliser autour des groupements d’intérêt économique.

De son côté, la présidente des femmes de la réserve de Tocc Tocc, Rouguiyatou Sow peine à cacher sa satisfaction lors de son allocution. « On accueille chaleureusement ce projet qui doit nous aider à améliorer nos conditions de vie. Pour cela, il est essential que nous, les femmes, soyons écoutées et que nous nous appropriions du projet », a-t-elle dit remarquant l’importance des axes d’orientation du projet qui ciblent les femmes et leurs activités.  

« La journée mondiale des zones humides est particulièrement importante cette année parce que c’est la première fois qu’elle est célébrée dans le cadre d’une journée internationale proclamé par les Nations Unies. De plus, la réserve de Tocc Tocc a été choisie, car le lancement du projet coïncide parfaitement avec le thème de cette année « Agir pour les zones humides, c’est agir pour l’humanité et la nature ». C’était donc une excellente opportunité pour présenter ce projet à la population et de les sensibiliser à l’importance d’habiter au sein d’un site Ramsar », a proclamé lors de la cérémonie le colonel Assane Ndoye, chef de division des Zones humides de la Direction des Parcs Nationaux du Sénégal et point focal national de la Convention Ramsar.

Lui emboitant le pas, Geoffroy Citegetse, chef de projet à BirdLife International et manager de l’East Atlantic Flyway Initiative a expliqué que « face aux menaces qui pèsent sur cette réserve d’importance internationale, nous sommes convaincus que l’implication directe des communautés locales dans la conservation et la restauration de la nature sont essentielles au maintien des bénéfices multiples apportées par la zone humide. L’exemple donné par la plantation d’arbres et la promotion d’emplois verts ici servira pour la réplication des techniques et meilleurs pratiques au Sénégal, le long de la voie de migration, et dans la sous-région ».

Ce projet participe à l’initiative panafricaine de restauration du Sahel de la Grande Muraille Verte. Grâce aux emplois créés, au retour de la biodiversité et de ses services écosystémiques, il contribue à la réduction de la malnutrition, de l’émigration, de l’insécurité, et des menaces anthropiques sur l’environnement au Sahel. Les activités maraîchères étant majoritairement à la charge des femmes, cela améliorera leur statut social et favorisera leur émancipation.

Le projet ouvre aussi la porte à d’autres financements de la fondation Prince Albert de Monaco, ainsi que de l’Agence Française de Développement, qui démarreront cette année et qui visent à protéger des zones humides clés dans la voie de migration Atlantique Est au Sénégal.

Moctar FICOU / VivAfrik

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