Chaque année, des milliers de conteneurs remplis de bois, quittent illicitement le Sénégal pour la Chine et entre autres directions. Une situation qui fait que les forêts de la Casamance, située au Sénégal, sont la source de trafic de bois précieux alors qu’elles abritent la rébellion armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
« Il y a du bois de vène et le bois de rose qui est très prisé en Chine. Parce qu’ils font de meuble de grand luxe avec et qu’ils vendent extrêmement cher et pour que cela soit possible, c’est des milliers de conteneurs (qui) quittent notre pays » pour approvisionner le marché chinois, a expliqué Ali Haïdar lors de l’émission Grand Jury diffusée dimanche 30 janvier 2022 sur les ondes de la Radio futurs médias (RFM) parlant de plus de 5 000 conteneurs par an.
En Gambie, après la mort de trois soldats sénégalais et la disparition de 9 autres dans des affrontements au sud du pays, de nombreuses questions restent en suspens. Selon l’état-major sénégalais, les recherches « se poursuivent » au sud de la Gambie pour tenter de retrouver les 9 soldats portés disparus depuis lundi 24 janvier 2022.
A l’en croire, les assaillants étaient à bord d’un camion transportant du bois. Une ressource naturelle très convoitée dans la région.
« Ces histoires d’attaque armées et de conflits entre ceux qui protègent et ceux qui pillent, ne date pas d’aujourd’hui. Avant ça passait par là Gambie, mais ce secteur a été fermé suite à l’enquête de la BBC qui a ouvertement montré que le groupe Bolloré transportait du bois dans ses conteneurs », a clarifié l’ancien ministre Sénégalais de l’Ecologie.
Les trafiquants l’appellent « l’ivoire de la forêt », le bois de rose est un arbre rare particulièrement demandé en Chine, découpé illégalement en Casamance et qui transite par le port de Banjul, là aussi de manière illicite.
Et pourtant, en 2017, le Sénégal et la Gambie ont tous deux signés un traité international pour la protection de ce bois lorsqu’il fut reconnu comme étant « en voie de disparition ».
Mais d’un côté les rebelles du MFDC, mouvement indépendantiste casamançais, en ont fait leur principale source de revenus. Et de l’autre : les autorités gambiennes continuent de délivrer des licences de transit aux transporteurs de bois, comme l’explique Omar Malmo Junior, de l’ONG gambienne Green up active sur la reforestation.
Après cette enquête de la BBC, le groupe Bolloré a décidé de ne plus transporter de tronc de veine, a confié M. Haïdar aux journalistes de la RFM. L’écologiste a aussi révélé que les trafiquants ont trouvé une autre issue. Il s’agit du corridor Dakar-Bamako.
Il faut dire que ce business rapporte gros : selon une enquête de la BBC en 2020, le pays avait exporté pour 300 millions de dollars de ce bois sur six ans. Un marché lucratif qui est au cœur des tensions observées ces derniers jours à la frontière entre la Gambie et la Casamance.
Moctar FICOU / VivAfrik