La Gambie vise l’atteinte de l’autosuffisance rizicole d’ici à l’horizon 2027

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Le président Gambien a promis une augmentation de la production rizicole pour atteindre son autosuffisance d’ici à la fin de son quinquennat en 2027. Un objectif qui s’annonce aussi ambitieux que compliqué à atteindre au regard du statut d’importateur net du pays enclavé par le Sénégal. 

Adama Barrow s’exprimait le 19 janvier 2022 à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment pour son second mandat à la tête de la Gambie.  

L’ambition d’autosuffisance rizicole affichée par le président Adama Barrow devra s’accompagner d’investissements massifs.

Dans le pays où la culture du riz s’effectue sur environ 30 000 hectares, les interventions devront non seulement cibler l’amélioration de l’accès des producteurs au crédit, aux équipements et aux intrants (engrais et semences) pour relever les rendements, mais aussi le développement de l’irrigation.

Sur ce dernier point, un soutien massif sera nécessaire quand on sait que seulement 1 % des superficies arables du pays (3 300 hectares) est irrigué d’après la Banque africaine de développement (BAD) .    

D’un autre côté, il faudra également se focaliser sur d’autres aspects de la chaîne de valeur comme l’emballage, le stockage ou encore la transformation pour améliorer la disponibilité du riz local et réduire les pertes qui touchent actuellement 30 % de la récolte de riz paddy, a souligné Espoir Olodo dans les colonnes de l’agenceecofin.com.

Au-delà de l’offre, l’autre défi pour le gouvernement sera d’améliorer la protection du marché intérieur vis-à-vis des importations à bas prix de riz poli ou brisé sous la forme de barrières tarifaires ou de limitations des volumes entrant sur le territoire.

En l’état actuel des choses, précise Ecofin, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont fait partie le pays impose un droit de douane de 10 % sur la céréale importée, ce qui est insuffisant pour protéger les filières locales selon de nombreux observateurs (dans la Communauté est-africaine ce tarif est de 75 %). Il n’est d’ailleurs pas respecté par le Nigeria qui a imposé ces dernières années des droits allant jusqu’à 60 % pour soutenir la production intérieure.

En bref, en Gambie, il faudra une véritable politique volontariste et des moyens financiers importants pour relever le défi de l’autosuffisance. Le gouvernement pourrait notamment tirer parti de l’expérience du Sénégal qui a aussi affiché une telle ambition en 2014. Le pays a depuis triplé sa récolte de riz en la faisant passer d’environ 436 000 tonnes en 2013 à 1,4 million de tonnes en 2020. 

Rappelons que le riz est la principale céréale consommée en Gambie. Il joue un rôle stratégique dans la sécurité alimentaire de la population. Si l’on se fie aux données de la Banque africaine de développement, le riz fournit 75 % de l’apport calorique dans les zones rurales de l’enclave du Sénégal.

Le pays affiche l’une des consommations par tête les plus élevées du monde. En effet, chaque habitant consomme environ 117 kg de la céréale par an, soit plus du double de la moyenne globale tournant autour de 57 kg.

Le Département américain de l’agriculture (USDA) a renseigné que, dans la région ouest-africaine, ce niveau bat aussi des records. Il dépasse celui du Ghana (48 kg), du Sénégal (110 kg) ou encore de la Côte d’Ivoire qui affiche un volume compris entre 80 et 100 kg.

Avec la hausse des besoins de la population urbaine principalement concentrée à Banjul, explique à Ecofin Espoir Olodo, la consommation de la céréale a explosé ces dernières années passant de 100 000 tonnes en 2010 à près de 210 000 tonnes actuellement.

Un enjeu de taille

L’augmentation de la demande de riz durant la dernière décennie a été d’abord satisfaite par les importations en Gambie. Le plus petit pays d’Afrique continentale importe chaque année plus de 170 000 tonnes de riz principalement sous forme brisée, soit près de 80 % de la consommation, indiquent les statistiques de la BAD.

Sur 80 millions $ de recettes engrangées grâce au tourisme en 2017, la BAD estime par exemple qu’un montant de 74 millions $ a été déboursé dans les importations. Cette dépendance vis-à-vis des achats extérieurs pour l’approvisionnement domestique s’explique, selon nos confrères de l’agence Ecofin, par une production très faible tournant autour de 36 000 tonnes par an.

Dans un tel contexte, le projet d’autosuffisance du gouvernement impliquera au moins de quintupler le niveau de la récolte d’ici à 5 ans afin de rattraper dans un premier temps le niveau des besoins actuels. D’un autre côté, il faudra encore produire plus pour répondre à la demande supplémentaire qui sera créée d’ici à 2027.

Moctar FICOU / VivAfrik

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