Seul candidat à sa réélection, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait dénoncé jeudi 13 janvier 2022 en des termes très forts le blocage de l’aide humanitaire au Tigré qualifiant d’« enfer » et d’« insulte à l’humanité » ce blocus.
Le blocus de l’aide humanitaire dans la région éthiopienne en guerre du Tigré fait vivre à la population un véritable « enfer », unique au monde, et est une « insulte à l’humanité », a dénoncé l’Organisation mondiale de la santé. « Nulle part ailleurs dans le monde nous assistons à un enfer comme au Tigré, a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui-même originaire de cette région.
Cette région est le théâtre depuis quatorze mois d’un conflit armé entre gouvernement fédéral et anciennes autorités locales. Elle est soumise, selon l’ONU, à un « blocus de facto » de l’aide humanitaire, et manque de nourriture et de médicaments.
« C’est tellement épouvantable et inimaginable à notre époque, au XXIe siècle, qu’un gouvernement refuse à son propre peuple, depuis plus d’un an, l’accès à la nourriture, aux médicaments et à tout ce qu’il faut pour survivre », a déploré Tedros Adhanom Ghebreyesus réclamant une résolution « politique et pacifique » du conflit.
En comparaison, il a assuré que même au plus fort de la guerre en Syrie ou au Yémen, l’OMS avait toujours pu faire parvenir de l’aide aux populations qui en avaient désespérément besoin. Or, selon M. Ghebreyesus, l’OMS n’a pas été autorisée à acheminer des médicaments et du matériel médical depuis la mi-juillet de l’année dernière. Les convois de vivres n’entrent au Tigré qu’au compte-gouttes, selon l’ONU, et des centaines de milliers de personnes sont dans une situation proche de la famine.
Malgré les demandes répétées du Tigré, auprès notamment du cabinet du premier ministre éthiopien et du ministère des affaires étrangères, selon M. Ghebreyesus ces biens et services ne sont pas acheminés au Tigré.
En raison de ce blocus, « il y a des personnes qui (…) n’ont pas accès aux interventions de base qui permettent de sauver des vies », s’est indigné le responsable des opérations d’urgence à l’OMS, Michael Ryan. « De mon point de vue, c’est une insulte à l’humanité que de permettre qu’une telle situation perdure, de n’autoriser aucun accès », a-t-il dit.
Moctar FICOU / VivAfrik