Une étude australienne fait état de la métamorphose des animaux sous l’effet du changement climatique

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« La hausse des températures est en train de changer l’apparence d’un certain nombre d’animaux », a fait part une étude australienne. Les auteurs de l’étude constatent que certains, en proie au réchauffement climatique, ont de plus grands becs, des oreilles plus longues…     

Le changement climatique a déjà de multiples impacts sur la faune. Extinction d’espèces, modification d’habitats ou de cycles saisonniers comptent parmi les exemples les plus frappants documentés à ce jour. Mais un autre effet, plus méconnu, fait depuis peu l’objet d’études : la modification de la morphologie de certains animaux, en particulier de leurs appendices. Avec la hausse des températures, becs, oreilles, queues et pattes grossissent chez diverses espèces. C’est la conclusion d’une étude publiée par des chercheurs de l’université Deakin, en Australie, dans la revue Trends in ecology and evolution.

L’objet de ces adaptations, qui témoignent d’une évolution accélérée ? Permettre aux animaux de mieux réguler leur température corporelle. La transpiration n’est en effet pas le seul mécanisme à entrer en jeu en la matière. La règle d’Allen, du nom du zoologiste qui l’a théorisée à la fin du 19ème siècle, dispose ainsi que les organismes vivant sous des climats chauds sont pourvus de plus gros membres par rapport à leur taille, pour mieux dissiper la chaleur interne, l’inverse valant pour les climats froids. Les becs d’oiseaux, dont la surface est très vascularisée et dépourvue de plumes isolantes, concourent ainsi aux échanges thermiques, de même que les pattes sans plumes ou poils des volatiles ou des mammifères, a relayé nationalgeographic.fr qui a cité la revue Trends in ecology and evolution.

Partant de cette règle, les scientifiques se sont penchés sur l’évolution des appendices des animaux actuels en se basant sur des comparaisons avec des spécimens de musées et des données d’études de terrain au long cours. Conclusion : des changements morphologiques touchent une multitude d’animaux « à travers une grande variété de zones géographiques, de l’Arctique aux régions tropicales de l’Australie », lit-on dans l’étude.

Selon nationalgeographic.fr, les experts se sont penchés d’abord sur les oiseaux. Les perruches nocturnes, endémiques de l’Australie, montrent ainsi une augmentation de la surface de leur bec comprise entre 4 et 10 % depuis 1871. En Amérique du nord, les juncos ardoisés, des passereaux, ont aussi pris du bec. Chez les pinsons de Darwin, l’effet induit est double. Non seulement les becs grossissent de façon générale, mais les hausses de température entraînent une survie différenciée des populations. Les pinsons se répartissent en effet entre espèces à gros becs et espèces à petits becs. Or, les volatiles aux petits becs voient leurs populations décroître davantage que les autres lors des années chaudes.

La revue Trends in ecology and evolution a souligné que ces modifications morphologiques affectent également les mammifères, en particulier certaines espèces de musaraignes et de chauves-souris, dont la taille des oreilles, queues et jambes croît relativement au reste de leur corps, les chauves-souris développant aussi de plus larges ailes. Les lapins de garennes australiens ont aussi vu leurs oreilles s’allonger.

De nombreuses inconnues demeurent. D’autres études seront nécessaires pour appréhender l’ampleur du phénomène, les seuils de température déclenchant ces modifications ou encore le rôle éventuel de facteurs conjoints, comme l’évolution du régime alimentaire ou de l’habitat des animaux concernés.

En prenant en compte les espèces dont les appendices jouent un rôle thermorégulateur, les chercheurs avancent qu’un certain nombre d’oiseaux, en particulier des oiseaux de mer, pourraient voir leur bec grossir, et bon nombre de mammifères, développer de plus grandes oreilles. Mais prédire les effets du changement climatique sur l’apparence des animaux reste une gageure, insistent-ils, celui-ci n’étant uniforme ni dans le temps ni dans l’espace. Les réponses des animaux au phénomène sont tout aussi variables. Migrations et changements physiologiques peuvent constituer d’autres stratégies d’adaptation possibles. De plus amples recherches devront aussi déterminer l’efficacité de ces métamorphoses face aux défis posés par le réchauffement, a-t-on conclu dans la revue Trends in ecology and evolution.

Moctar FICOU / VivAfrik            

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