Selon Slow Food : « La COP26 discute de l’agriculture mais se concentre sur de fausses solutions »

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Après deux jours de discussion sur la nature et l’utilisation des terres, la session qui incluait la question de l’agriculture durable, vient clôturer le sujet aujourd’hui à la Cop 26.

Slow Food estime que l’approche même de la discussion était déficiente : parler d’agriculture durable sans considérer le système alimentaire dans sa globalité est une erreur. Les solutions proposées qui ont émergé semblaient aller dans deux directions différentes, voire opposées, mais présentées comme complémentaires : d’un côté la reforestation et de l’autre l’innovation technologique en agriculture.

Pourtant, il a déjà été démontré que la seule approche pouvant contribuer efficacement à la construction d’un système alimentaire véritablement durable est celle de l’agroécologie : elle doit être reconnue comme un outil central pour faire face aux multiples crises auxquelles nous sommes confrontés, y compris la crise climatique. L’agroécologie est ancrée dans la reconstruction des relations entre l’agriculture et l’environnement, et entre les systèmes alimentaires et la société.

Nous assistons au recyclage d’un vieux modèle, qui continue de considérer l’alimentation comme une série de produits de base à produire à grande échelle, au moyen de monocultures assistées par des technologies futuristes qui rendent les agriculteurs de plus en plus dépendants des grandes entreprises multinationales et de leurs brevets. Pour faire basculer l’économie mondiale vers une économie à faible émission de carbone, les autorités choisissent de continuer à croire au discours des entreprises sur la haute technologie, l’agriculture centralisée et industrialisée et la fausse viande.

Marta Messa, directrice de Slow Food Europe, commente : « L’un des événements de la COP d’aujourd’hui avait pour thème « Accélérer une transition rurale juste vers une agriculture durable ». Pour nous, une transition juste doit être basée sur la biodiversité, l’agroécologie et la justice sociale, et non sur des solutions techniques. Le changement climatique et la perte de biodiversité doivent être abordés ensemble, ce sont des problèmes étroitement liés », ajoute-t-elle : « Les écosystèmes agricoles doivent être restaurés en harmonie avec l’environnement naturel. Les techno-solutions sont de fausses solutions, elles ne sont pas basées sur les vraies innovations que les communautés inventent pour être résilientes. Nous voulons voir d’ici la fin de la COP26 des engagements contraignants et pas de promesses vides ».

Shane Holland, président exécutif de Slow Food au Royaume-Uni, commente également : « La viande industrielle et l’agriculture laitière sont responsables d’une énorme quantité d’émissions de méthane, et l’agriculture intensive plus généralement génère de grandes quantités de carbone ». Il ajoute : « Les grands groupes promeuvent l’agriculture industrielle comme le sauveur du climat, alors qu’il est en grande partie responsable de sa dégradation. On entend également dire que nous devons intensifier l’agriculture pour offrir une police d’assurance contre les mauvaises récoltes – c’est inacceptable, surtout si l’on considère qu’à ce jour, nous gaspillons 30 % de la nourriture produite pour la consommation humaine, un gaspillage qui, à son tour, exacerbe la crise climatique. Les gouvernements semblent incapables d’échapper à l’influence des multinationales et d’adopter des solutions véritablement durables, qui pourtant existent déjà mais qui doivent être promues et soutenues à grande échelle”.

Jorrit Kiewik, directeur exécutif de Slow Food Youth Network, présent sur place, décrit une COP26 partagée entre optimisme et méfiance. « La COP a été une expérience incroyable. C’est génial d’être ici mais il y a beaucoup de doutes. Nous voyons deux parties : au pavillon, beaucoup d’énergie pour changer les choses et en même temps, nous voyons beaucoup de protestations à l’extérieur, avec Greta Thunberg qui a vraiment rassemblé beaucoup de soutien pour l’anti-COP26, car elle est présentée comme une grande machine de greenwashing. En ce moment, je me demande si il y a des bons progrès de faits ou pas, surtout après avoir parlé à certains fonctionnaires qui affirment que nous sommes actuellement à 1,8 degré, ce qui est peut-être très bien mais pas encore suffisant ».

Afin de parvenir à la neutralité climatique d’ici 2050, la COP26 devrait ouvrir la voie à la transition vers des systèmes alimentaires agroécologiques, dont il est prouvé qu’ils maintiennent le carbone dans le sol, soutiennent la biodiversité, reconstituent la fertilité des sols et maintiennent les rendements au fil du temps, ce qui constitue la base de moyens de subsistance agricoles sûrs et d’une alimentation saine pour toutes et tous.

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