Bonne nouvelle pour les défenseurs de l’environnement notamment ceux hostiles au développement des projets d’énergies fossiles. En effet, les Etats unis, le Canada, ainsi que d’autres pays et institutions financières, se sont engagés à ne plus financer les énergies fossiles à l’étranger. Pour matérialiser cette décision, ils ont signé une déclaration visant à arrêter leurs financements aux nouveaux projets d’énergies fossiles à l’étranger d’ici à fin 2022 sans techniques de capture de carbone. Publié jeudi 4 novembre 2021 dans le cadre de la COP26, le texte inclut le pétrole et le gaz.
« Investir dans des projets liés aux combustibles fossiles non assortis de systèmes de capture du carbone comporte de plus en plus des risques sociaux et économiques », indique la déclaration commune des signataires diffusée au cours de la 26ème Conférence internationale des Nations unies sur le climat (COP26) à Glasgow.
« C’est une annonce historique, car elle concerne tout le panel des financements internationaux aux énergies fossiles », a constaté Lucile Dufour, la responsable des politiques de l’énergie au sein de l’Institut international du développement durable, un laboratoire d’idées canadien spécialisé sur ces sujets. Présente à Glasgow, elle souligne que cet engagement inclut « les financements bilatéraux, ceux via les banques de développement, et aussi les crédits à l’export des agences de crédit à l’exportation ».
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour pouvoir préserver l’objectif de +1,5°C, il faudrait immédiatement cesser tout financement de nouveaux projets dans les énergies fossiles. Or selon l’ONG Oil Change International, entre 2018 et 2020, les seuls pays du G20 ont financé de tels projets à hauteur de 188 milliards de dollars. Parties prenantes de l’accord, Washington et Ottawa investissent chaque année des milliards de dollars (autour de 3 milliards pour les Etats-Unis, entre 2 et 7 milliards pour le Canada) dans des projets basés sur le charbon et, surtout, gaziers et pétroliers.
Rappelons que les nations du G20 se sont récemment accordées pour cesser de soutenir les projets de centrales au charbon à l’étranger. Le plan signé par 19 pays et 5 organismes et annoncé jeudi 4 novembre 2021, à l’initiative de Londres, inclut pour la première fois gaz et pétrole. Si cet engagement est tenu, plus de 15 milliards de dollars devraient ainsi bénéficier aux énergies propres, estiment des experts. En termes clairs, « cela permettra un bond du renouvelable ».
Ils promettent également de diriger leur soutien financier vers des énergies propres. « Cela permettrait de réorienter au moins 15 milliards de dollars [13 milliards d’euros] par an vers les énergies renouvelables », avance Lucile Dufour.
Chez les Etats, l’heure est forcément à l’autopromotion. Du côté des Canadiens, on se félicite d’être « dans la bonne direction ». « Nous sommes engagés à mettre fin aux subventions inefficaces aux combustibles fossiles d’ici à 2023. Deux ans avant le reste du G20 ». Les émissions du secteur pétrolier et gazier devraient diminuer jusqu’à atteindre le zéro net d’ici à 2050.
« Transition du charbon »
Dans une autre initiative, plus d’une quarantaine de pays se sont engagés sur une « déclaration de transition du charbon vers l’énergie propre », dont plusieurs avaient déjà pris des engagements similaires, comme la Pologne ou la France, déjà très peu engagée dans le charbon.
Toutefois, de grands pays impliqués dans le secteur – Australie, Chine, Inde, États-Unis, Japon ou Russie – ne figurent pas parmi les signataires.
Les organisateurs ont cité en exemple l’accord annoncé plus tôt à la COP26 par lequel l’Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Union européenne se sont engagés à financer une « transition énergétique juste », à hauteur de 8,5 milliards de dollars, pour aider l’Afrique du Sud à sortir de sa dépendance au charbon sur le plan énergétique. Johannesbourg n’est cependant pas signataire de l’accord charbonnier.
« Nous devons mettre les financements publics du bon côté de l’histoire », a commenté le secrétaire d’État britannique aux entreprises, Greg Hands.
Moctar FICOU / VivAfrik