Alors que la 26ème Conférence de Glasgow sur les changements climatiques (COP26) approche à grands pas, un rapport alarmant alerte sur les méfaits du réchauffement climatique qui menace des millions de personnes en Afrique. En termes clairs, plus d’une centaine de millions de personnes extrêmement pauvres sont menacées par l’accélération du changement climatique dans le continent, où les rares glaciers devraient avoir disparu d’ici aux années 2040. C’est du moins ce qu’a indiqué l’Organisation des Nations unies (ONU) mardi 19 octobre 2021.
L’ONU met en évidence, dans un rapport sur l’état du climat en Afrique publié à moins de deux semaines de l’ouverture de la COP 26 à Glasgow (du 31 octobre au 12 novembre 2021), la vulnérabilité disproportionnée de l’Afrique et souligne que le changement climatique a contribué à aggraver l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les déplacements de population sur le continent en 2020.
A ce propos, la Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine (UA), Josefa Leonel Correia Sacko, a laissé entendre dans l’avant-propos du rapport que « d’ici à 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises ».
Ce rapport, coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) de l’ONU et repris par amp.rts.ch, est le fruit d’une collaboration avec la Commission de l’UA, la Commission économique pour l’Afrique et diverses organisations scientifiques internationales et régionales et des Nations unies.
Les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) envisagent le pire dans leur rapport sur l’évolution du climat, qui sera publié en février 2022. Ils prévoient des extinctions d’espèces, des famines ou encore des pénuries d’eau gravissimes.
Même inquiétude pour les glaciers côtiers aujourd’hui plus que menacés. « Au cours de l’année 2020, les indicateurs climatiques en Afrique ont été caractérisés par une augmentation continue des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés », a expliqué dans l’avant-propos du document exploité par amp.rts.ch le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
« La fonte rapide des derniers glaciers d’Afrique de l’Est, dont on s’attend à ce qu’elle soit totale dans un avenir proche, nous alerte d’un changement imminent et irréversible du système Terre », a-t-il relevé.
Les glaciers africains sont trop petits pour servir de réservoirs d’eau importants, mais ils ont une importance touristique et scientifique de premier plan. Seules trois montagnes en Afrique sont couvertes de glaciers: le massif du mont Kenya (Kenya), les monts Rwenzori (Ouganda) et le mont Kilimandjaro (Tanzanie).
Pour se préparer à l’intensification des phénomènes climatiques dangereux à fort impact, l’OMM appelle l’Afrique à investir dans les infrastructures hydrométéorologiques et les systèmes d’alerte précoce.
L’organisation estime que la mise en œuvre rapide de stratégies d’adaptation en Afrique stimulera le développement économique et générera davantage d’emplois pour soutenir la reprise économique après la pandémie de Covid-19, et appelle à favoriser une « relance durable et verte » du continent.
Moctar FICOU / VivAfrik