L’agroécologie est une approche holistique et intégrée qui applique simultanément des concepts et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion de systèmes agricoles et alimentaires durables. Elle cherche à optimiser les interactions entre les plantes, les animaux, les hommes et l’environnement tout en répondant à la nécessité de systèmes alimentaires socialement équitables au sein desquels les gens peuvent choisir ce qu’ils mangent et comment et où il est produit.
S’agissant de l’agriculture biologique qui s’est initialement développée en Afrique à travers les marchés d’exportation, pour répondre à une demande croissante des consommateurs du Nord, elle est désormais de plus en plus reconnue sur le continent en matière de santé publique. En effet, si les intrants chimiques de synthèse, comme les pesticides sont moins diffusés en Afrique que dans d’autres régions du monde, ils le sont tout de même et sont souvent utilisés de manière inappropriée, parfois dangereuse.
Si nourrir les populations représente encore un défi dans certains pays africain, le développement d’une agriculture biologique reste un enjeu de taille, pour la santé publique mais aussi l’autonomie alimentaire, et le retour à la terre.
« C’est vrai que traditionnellement, l’agriculture en Afrique est bio. Les notions en agriculture biologique – la rotation des terres, la multiplication des cultures – ne sont pas des notions qui sont étrangères. Mais aujourd’hui comme ailleurs – c’est peut-être un peu l’effet pervers de la mondialisation –, l’Afrique aussi, la Guinée en particulier, est envahie par des pesticides de toutes natures. Du coup, c’est ce travail au jour le jour que nous essayons de mettre en place pour qu’il y ait, chaque année, de plus en plus de paysans qui abandonnent les pesticides au profit d’une production saine et responsable qui respecte, la nature, le sol, l’environnement et l’alimentation », a dit Alpha Idy Baldé, de Terrafrik Guinée tentant, avec son association, de redonner le goût de l’agriculture traditionnelle aux plus jeunes.
Et pour parvenir à créer ce déclic de l’agriculture traditionnelle au bio, Kouété Ayivi, coordinateur du Festisol au Bénin, propose depuis 2018 un agro-bootcamp, une semaine de formation pour toutes les personnes qui veulent s’initier à l’agroécologie. « Je pense que d’abord avant de quitter l’agriculture conventionnelle et écologique, si tu n’es pas vraiment engagé, ce sera vraiment très difficile. On essaie quand même de les faire évoluer. Il faut dire que ce sont des jeunes très engagés, très éveillés qui vont dans le sens de l’agroécologie et de l’agriculture durable. »
Le nerf de la guerre reste de pouvoir en vivre, car aujourd’hui, le frein pour sortir du conventionnel, c’est d’obtenir la certitude d’un bon rendement. Pour cela, la création d’un label est à l’étude en Guinée.
« Nous sommes en train de concevoir un label bio et maintien de l’agriculture familial, pour que ces produits puissent être vendus au juste prix et rémunérer le jeune paysan. Il faut sensibiliser un public large pour qu’il accepte d’acheter ces produits, mais aussi encourager d’autres personnes à revenir vers ce mode d’agriculture bio », a expliqué Alpha Idy Baldé.
A l’en croire, le soutien des pouvoirs publics est aussi un levier important pour permettre à l’agroécologie de se développer en Afrique.
Moctar FICOU / VivAfrik