Victime d’une marée noire il y a un an, le village de Mahébourg (île Maurice) se réinvente à sa manière

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Dans la baie de Mahébourg, au sud-est de l’île Maurice, les eaux sont redevenues claires et calmes. Ce village historique avait vécu sa pire catastrophe écologique il y a un an, la marée noire provoquée par le naufrage du MV Wakashio. Un an après, la pollution n’est plus visible, mais la vie peine à retrouver la même animation. Les habitants se réinventent, comme le couple Baulauck, durement marqué par la marée noire.

« Nous les Mahébourgeois, ça nous fait mal au cœur », a confié au correspondant de RFI à Port-Louis, Davina Baulauck. Elle revit ses émotions qui l’avaient glacée ce matin du 6 août 2020. C’était, selon ses mots « une scène de fin du monde » dans son village de la côte sud-est de Maurice. À perte de vue la mer était devenue noire.

Une marée de goudron avait remplacé les eaux turquoise de Mahébourg. « C’était apocalyptique. Les gens étaient partout et couraient dans toutes les directions. D’autres étaient en larmes. J’avais peur de m’approcher de l’esplanade. Quand j’ai vu la marée noire en face de moi, je ne pouvais plus me tenir sur mes pieds, je me suis écroulée en sanglots », se remémore-t-elle.

Son époux, Christophe, moniteur de plongée, qui s’est confié à RFI, a encore du mal, un an après, à chasser ces terribles images de sa mémoire. « Souvent, quand j’étais à mon lieu de travail, j’étais en larmes. C’est triste de voir tous les poissons morts, ces crustacés morts comme cela, à cause de l’incompétence de ce navire et des autorités… C’est de la rage, c’est chagrinant. Il y a plein d’émotions qui sortent tout le temps. »

Tout un monde qui s’est écroulé

Une vive émotion avait traversé toute la population mauricienne, mais pour les habitants de ses villages côtiers, c’est tout un monde qui s’écroulait. La mer nourricière autant qu’espace de loisir est leur quotidien. Chez la famille Baulauck, les conséquences sont aussi personnelles. Ce couple de trentenaires avait réalisé son rêve, en ouvrant son centre de plongée. C’était quatre mois seulement avant le naufrage du Wakashio.

« À cette époque-là, on était vraiment dans l’investissement. On n’avait pas d’économies, on avait tout mis dans le centre. Mais passé le Wakashio, passé quelques mois sans activité, cela commençait à peser lourd dans la balance, parce que moralement, comment est-ce qu’on va faire ? Quand est-ce le lagon va rouvrir ? Aurons-nous droit à des activités ? Quelle garantie avons-nous que la clientèle mauricienne et étrangère viendra plonger chez nous ? Est-ce que cela va reprendre ? Ce sont des jours stressants. Il y a des jours où je pleure à la maison… », se désole Davina.

Le centre de plongée reste fermé. Parce que, outre la pollution aux hydrocarbures, la pandémie a paralysé les activités touristiques. Devant l’incertitude, le couple a changé de registre professionnel. Davina exerce ses talents en relations publiques pour une fondation humanitaire, et Christophe applique ses aptitudes de bricoleur dans le bâtiment, sans s’interroger sur le futur.

Moctar FICOU / VivAfrik

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