Le Sénégal a organisé, mardi 31 août 2021, un Conseil national de la consommation autour de la ministre du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises (PME), Aminata Assome Diatta au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES). À l’ordre du jour : la situation des prix des produits de base, riz, huile, sucre… Selon l’Agence nationale de la statistique, les prix à la consommation au mois de juillet ont augmenté de 1,9% par rapport au mois de juin 2021.
Des membres des associations consuméristes, des commerçants, ainsi que des techniciens des ministères des Finances et du Commerce ont pris part à cette rencontre. Depuis quelques semaines, il est noté sur le marché national, une hausse des prix des denrées de première nécessité. Une situation qui n’est pas du goût des commerçants et consommateurs.
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) relève que l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) du mois de juillet 2021 s’est accru de 1,9% comparé à celui du mois précédent.
Une augmentation liée aux mesures anti-Covid prises par le gouvernement, affirme l’économiste Khadim Bamba Diagne. Selon lui, mauvaise nouvelle : la hausse pourrait perdure. « C’est très simple, commence-t-il. L’année passée, on a pris des décisions de restrictions, on a demandé aux Sénégalais de rester chez eux. La baisse de l’activité économique a comme conséquence la baisse des recettes pour les ménages mais aussi pour l’État. Le seul instrument valable que l’État peut utiliser aujourd’hui, c’est l’augmentation de l’assiette fiscale. Maintenant, si on augmente les taxes, les commerçants vont répercuter cette augmentation-là sur les prix. »
C’est dans ce contexte que s’inscrit cette réunion du Conseil national de la Consommation, un organe institué en 1997 et consulté régulièrement par le gouvernement sur les grandes orientations relatives aux prix et à la consommation, a fait savoir la ministre du Commerce.
Aminata Assome Diatta a expliqué que « l’objectif est de faire le point sur la situation du marché international, ses répercussions sur le marché local afin de trouver les solutions adéquates pour soulager les seize millions de consommateurs ».
A l’en croire, « le gouvernement a, depuis 2012, pris de nombreuses mesures de baisse des denrées de première nécessité à travers des leviers réglementaires et des mesures fiscales à hauteur de 10 à 25%, avec des résultats satisfaisants sur la stabilité des prix, durant neuf ans ».
Cependant, dit-elle, « cette tendance a été nettement stoppée par la fulgurante pandémie de la covid-19 qui a lourdement perturbé la chaîne d’approvisionnement à travers le rétrécissement de l’offre mondiale et le coût élevé du fret qui ont ainsi occasionnés une hausse exponentielle des denrées alimentaires de base tels que l’huile, le sucre, le riz, le maïs et le blé ».
Toutefois, « pour garantir le fonctionnement et l’approvisionnement correct du marché afin de rendre supportables les prix de ces d’entrées, le gouvernement a déjà pris les devants en baissant la TVA de 18 à 6%, en attendant les conclusions qui seront issues de cette présente réunion de concertation avec tous les acteurs concernés », a-t-elle déclaré.
Les prix des denrées de première nécessité sont en hausse sur le marché et les consommateurs se plaignent également de la rareté du sucre.
Le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, a demandé aux services des Douanes de suspendre l’application de la taxe conjoncturelle sur le sucre raffiné importé afin, dit-il, d’atténuer « l’effet de la hausse combinée du coût du fret maritime et des prix sur les marchés internationaux ».
« Pour atténuer l’effet de la hausse combinée du coût du fret maritime et des prix sur les marchés internationaux, suite à la demande du ministre du Commerce et des Pme, je vous instruis de suspendre, du 30 août au 15 octobre 2021, l’application de la taxe conjoncturelle sur le sucre raffiné importé », écrit Abdoulaye Daouda Diallo dans une note de service.
« La Taxe Conjoncturelle à l’Importation (TCI) vise à amortir les effets des variations erratiques des prix internationaux de certains produits sur la production nationale et à contrecarrer les pratiques déloyales », indique la Douane sénégalaise sur son site.
« La TCI est perçue à l’occasion d’importations de sucre fini destiné à la consommation courante, lorsque la valeur CAF (Coût/assurance/fret) de ce produit est inférieure au prix de déclenchement (fixé par la Commission de l’UEMOA) », ajoute la même source.
Moctar FICOU / VivAfrik