Pour l’OIT, les plateformes numériques de travail offrent aux jeunes réfugiés une voie possible vers le travail décent

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La célébration de la Journée internationale de la jeunesse ce jeudi 12 aout 2021 a obligé l’Organisation internationale du travail (OIT) à produire un communiqué rendu public aujourd’hui. Dans ce document qui cite le nouveau rapport de l’OIT, les plateformes de travail numériques ont le potentiel de transformer la manière dont les jeunes réfugiés gagnent leur vie mais il faut coordonner l’action pour leur faciliter l’accès à l’économie à la tâche et aux emplois numériques décents.

L’économie numérique peut offrir des possibilités d’emploi à de nombreux jeunes réfugiés mais leur garantir des conditions de travail décentes nécessitera de nouvelles pistes de réflexion et d’action, indique un nouveau rapport de l’OIT relayé par le communiqué de presse publié à Genève, la capitale Suisse.

Le rapport intitulé Towards decent work for young refugees and host communities in the digital platform economy in Africa : Kenya, Uganda, Egypt  (Vers le travail décent pour les jeunes réfugiés et les communautés d’accueil dans l’économie des plateformes numériques en Afrique : Kenya, Ouganda, Egypte) constate que le travail numérique à la tâche est une source potentielle de revenus pour les réfugiés. Puisqu’ils ont souvent du mal à entrer sur les marchés du travail locaux, les réfugiés peuvent se tourner vers les grandes plateformes numériques telles que Jumia ou Upwork en l’absence de moyens de subsistance locaux.

D’après le communiqué paru dans le média en ligne ilo.org, le travail des réfugiés sur les plateformes numériques pose néanmoins deux problèmes majeurs : les déficits de travail décent et le manque de connectivité. Le Kenya, l’Ouganda et l’Egypte, les trois pays étudiés dans ce rapport, ont tous investi massivement dans l’économie numérique et adopté des stratégies nationales pour accroître l’accès au numérique. Pourtant, en 2020, seuls 22,5% de la population kenyane utilisaient internet, contre 57 % en Egypte et 24 % en Ouganda.

Le rapport de rapport de l’OIT note qu’à l’échelle mondiale, si 93 % des réfugiés sont couverts par un réseau 2G au moins, ils ont 50 % de chances de moins que la population générale de posséder un téléphone connecté à internet. Pour les jeunes réfugiés, l’accès est encore plus limité.

Parmi les autres défis importants, figurent les difficultés à obtenir des permis de travail, le manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité et de la connexion internet, l’accès insuffisant au matériel informatique et aux logiciels appropriés ou à des mécanismes de paiement en ligne.

Andreas Hackl, l’auteur du rapport a soutenu que « la répartition inégale de la connectivité à internet, les inégalités en matière de compétences numériques et de culture numérique, ainsi que les obstacles spécifiques que rencontrent de nombreuses populations réfugiés pour accéder à l’économie numérique et à un travail numérique décent rendent difficile de postuler à ces emplois ». « Sans action coordonnée, l’économie numérique peut aggraver les inégalités économiques et sociales profondément ancrées qui régissent la vie des jeunes réfugiés», a-t-il ajouté.

Des initiatives sont en place pour faciliter l’accès des réfugiés à l’économie numérique. Des organisations intermédiaires telles que les plateformes de travail à impact social proposent de redistribuer les offres de travail aux réfugiés et de négocier en leur nom les frais et les conditions avec les plateformes.

Des exemples de formation qualifiante en ligne, telles que les académies de codage, les camps d’entraînement et l’enseignement et la formation techniques et professionnelles (EFTP) en ligne ont été mis en place dans le camp de Kakuma au Kenya, la colonie de Bidi Bidi en Ouganda et les grandes villes qui accueillent des réfugiés comme Le Caire, en Egypte, lit-on dans le document.

Selon le communiqué, le rapport comporte plusieurs recommandations en vue de promouvoir les emplois numériques parmi les jeunes réfugiés :

  • 1. Améliorer l’accès des réfugiés à internet et à ses dimensions économique et d’emploi.
  • 2. Approfondir les efforts visant à constituer une gamme de compétences numériques parmi les réfugiés afin de renforcer leur employabilité dans un avenir du travail numérisé, tout en travaillant avec les employeurs et les secteurs économiques concernés pour assortir les compétences aux demandes grâce à des institutions de service pour l’emploi renforcées qui s’adressent aux populations réfugiées.
  • 3. Soutenir les employeurs à distance des réfugiés par une assistance financière et technique – y compris les entreprises sociales et les plateformes de travail à impact social – et promouvoir les stratégies de formalisation de manière à obtenir de meilleures conditions de rémunération et de travail pour leurs employés ou pour les travailleurs indépendants.
  • 4. Améliorer le dialogue social relatif au travail numérique, qui est pratiquement absent dans les situations d’accueil des réfugiés, en donnant aux organisations de travailleurs et d’employeurs accès aux travailleurs des camps de réfugiés.
  • 5. S’attaquer de manière spécifique aux problèmes et aux obstacles que les régimes juridiques et politiques des réfugiés posent aux moyens de subsistance numériques, grâce à un plaidoyer et un soutien politique de haut niveau.

Moctar FICOU / VivAfrik

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