L’INPE publie les chiffres alarmants de la déforestation en Amazonie

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L’Institut brésilien de recherche spatiale (INPE) a publié vendredi 6 juillet 2021 les résultats de son système de calcul DETER. Il a enregistré en Amazonie brésilienne le deuxième plus haut taux de déforestation annuelle depuis 2015. Sur l’année qui vient de s’écouler du 1er août 2020 au 31 juillet 2021, ce sont 8 712 km² de forêts qui ont été détruits.

Ces statistiques alarmantes montrent que la déforestation continue de faire des ravages en Amazonie brésilienne. Mieux, sur les 12 derniers mois, l’Amazonie a perdu 8 712 km2 de forêt, soit une baisse de 5% par rapport aux 9 126 km2 de la période allant d’août 2019 à juillet 2020, la plus dévastatrice depuis que ces données sont compilées par l’Institut national de recherches spatiales en 2015.

Ces chiffres ne prennent pas en compte les données du 31 juillet 2021, qui, lorsqu’elles seront ajoutées, rapprocheront encore le total du record de l’an dernier.

Il s’avère que le gouvernement brésilien, loin de participer à l’enrayement de la déforestation, manœuvre pour encourager l’expansion d’exploitations agricoles illégales en Amazonie. Mardi 3 août 2021, la Chambre des députés brésilienne a voté une loi qui, si elle était adoptée dans les mêmes termes au Sénat, faciliterait la régularisation de l‘exploitation de terres publiques occupées illégalement. Or au Brésil, un tiers de la déforestation de l’Amazonie est lié à des accaparements de terres publiques.

C’est pourquoi, la comparaison des surfaces déboisées sur cette période de référence qui englobe l’ensemble du cycle des pluies montre une forte augmentation depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, en janvier 2019.

Malgré ses récentes promesses de s’attaquer à la déforestation illégale, et alors qu’il négocie des accords commerciaux avec l’Union européenne, Jair Bolsonaro avance avec ses alliés une série de projets de loi qui permettraient d’accélérer la déforestation et de porter atteinte aux droits fonciers des peuples autochtones. Si ces lois étaient adoptées, elles pousseraient encore un peu plus l’Amazonie vers ce point de non-retour menant à la destruction irréversible de cet écosystème.

Le collectif d’ONG Observatoire du Climat a estimé que la moyenne des surfaces déboisées lors des trois cycles sous le gouvernement Bolsonaro était 70% supérieure à celle des trois cycles précédents.

Le vice-président brésilien Hamilton Mourao avait admis, lundi 2 aout 2021  que l’objectif de réduire la déforestation de 10% d’août 2020 à juillet 2021 ne serait pas atteint.

« Le cycle touche à sa fin et nous n’allons probablement pas remplir notre objectif de réduction de 10% (de la déforestation). Je crois que ce sera plutôt autour de 4 à 5%. C’est une réduction très faible, dérisoire, mais c’est mieux que rien », avait-il déclaré.

« Même les arbres morts d’Amazonie savent que tout chiffre annoncé par le gouvernement est dénué de crédibilité, parce qu’il manque l’essentiel au Brésil : une vraie politique de contrôle de la déforestation», a déploré l’Observatoire du Climat dans un communiqué.

« Après avoir progressivement détricoté et vidé de leur substance les lois de protection de l’environnement, le gouvernement brésilien s’apprête à récompenser la déforestation illégale et l’accaparement de terres, déclare Cristiane Mazzetti, chargée de campagne Forêts à Greenpeace Brésil. Le gouvernement profite de l’état d’urgence pour faire passer des projets de loi qui entraîneront davantage de déforestation et aggraveront le dérèglement climatique », accuse-t-il.

Pour sa part, Lukas Meus, chargé de campagne Forêts à Greenpeace Europe a signalé qu’« en poursuivant les négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, les responsables européens cautionnent la destruction de l’Amazonie. Chaque minute qui passe sans qu’une loi forte ne soit mise en place laisse le champ libre à la destruction de cet écosystème. La Commission européenne doit agir rapidement et proposer une législation efficace pour garantir qu’aucun produit vendu en Europe ne soit lié à la destruction de l’Amazonie ou ne porte atteinte aux droits des personnes qui y vivent ».

Moctar FICOU / VivAfrik

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