L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) s’est adossé sur trois raisons pour retirer le Parc national de la Salonga de la liste du patrimoine mondial en péril. Lors d’une conférence de presse organisée jeudi 22 juillet 2021 à Kinshasa, le directeur général de l’Institut national pour la conservation de la nature, Cosma Wilungula, a parlé de l’atteinte des indicateurs, la bonne gouvernance et le problème d’exploitation du pétrole au sein du Parc.
Rappelons que le Parc national de la Salonga, le plus grand de la République démocratique du Congo (RDC), (d’une superficie de 36 000 km2) a été retiré lundi 19 juillet 2021 de la liste du patrimoine mondial en péril, en reconnaissance des efforts entrepris pour le préserver.
Le Comité « a décidé aujourd’hui de retirer le Parc national de la Salonga de la liste du patrimoine mondial en péril en raison des améliorations apportées à son état de conservation », a affirmé l’UNESCO dans un communiqué officiel transmis à la presse à l’issue de la 44ème session de l’organisation tenue en Chine.
« Le suivi régulier de la faune sauvage montre que les populations de bonobos demeurent stables […] malgré les pressions passées et que la population d’éléphants de forêt a lentement commencé à se reconstituer », ajoute le communiqué.
Le Comité a « accueilli favorablement la clarification […] qui stipule que les concessions pétrolières chevauchant le parc sont nulles et non avenues » et que des blocs pétroliers à l’intérieur du parc « seront exclus des futures mises aux enchères », explique le communiqué.
De son côté, Cosma Wilungula a expliqué que cette décision de l’UNESCO a été motivée par la « baisse du braconnage, l’amélioration de relations de cette structure avec les communautés locales et l’annulation du projet visant l’exploitation pétrolière » dans cette aire protégée.
« Les trois dernières questions qui nous ont été posées par le comité du patrimoine mondial pour pouvoir sortir le Parc national de la Salonga de la liste noire du patrimoine mondial en péril concernait l’atteinte des indicateurs », a poursuivi le directeur général de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).
A l’en croire, dans les atteintes des indicateurs, la première chose était la baisse du braconnage ; la deuxième chose visait l’amélioration des relations avec les communautés, la troisième était la délimitation et la matérialisation des limites. « Et ces questions ont été observées », s’est-il réjoui.
Selon le directeur général de l’Institut national pour la conservation de la nature, le deuxième criterium concernait la bonne gouvernance », précisant que la RDC a mis en place des mécanismes pour une meilleure gestion du parc.
Le troisième indicateur concernait l’exploitation du pétrole dans le Parc. « J’ai discuté avec notre ministère des Hydrocarbures et mon collègue, le directeur général de la SONHYDRO qui est l’institution où l’entreprise qui a la responsabilité de l’exploitation du pétrole, afin que j’obtienne de leurs bouches cette garantie et ils l’ont témoigné. Nous avons fait un procès-verbal (PV). Ils ont écrit, tout ce que je vous ai répondu, ici. Aujourd’hui les offres pour le bloc continental et vers le lac Tanganyka (Kalemie), ils vous ont témoigné que le procès est en cours avec des résolutions à l’amiable », a détaillé M. Wilungula.
La République démocratique du Congo (RDC) avait officialisé son projet d’exploiter du pétrole dans les parcs des Virunga au nord-est du pays, et de la Salonga, au centre, en 2018, mais depuis le gouvernement n’y a toutefois pas officiellement renoncé.
Créé en 1970 par l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko, le parc de la Salonga, d’une superficie de 36 000 km2, est considéré comme la plus grande réserve de forêt tropicale humide d’Afrique. Il avait été inscrit au patrimoine mondial en péril en 1984.
Les tourbières — zones humides qui accueillent une grande biodiversité — du bassin du Congo et notamment de la Salonga couvrent 145 000 km2, soit une zone un peu plus grande que l’Angleterre, et stockent environ trente milliards de tonnes de carbone, selon l’ONG Greenpeace.
Pour le ministère congolais de l’Environnement qui « se réjouit » de cette mesure, c’est « une occasion de mieux penser la gestion de la tourbière en vue de la quantification de sa capacité d’absorption de carbone », selon un communiqué.
Limité par des cours d’eau qui assurent son isolement, le parc Salonga sert d’habitat à de nombreuses espèces endémiques menacées : le bonobo, le paon du Congo, l’éléphant de forêt et le crocodile africain à museau étroit, selon l’UNESCO.
Moctar FICOU / VivAfrik