Plus de 400 000 personnes en situation de famine au Tigré, annonce l’ONU

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L’Organisation des Nations unies (ONU) a relayé vendredi 2 juillet 2021 que plus de 400 000 personnes ont « franchi le seuil de la famine » au Tigré, région du nord de l’Ethiopie en guerre depuis huit mois. C’est ce qu’a renseigné un haut responsable de l’ONU, exhortant par ailleurs les rebelles à appliquer le cessez-le-feu décrété par l’Ethiopie.

Le conflit au Tigré a connu un tournant majeur lundi avec la prise de la capitale régionale Mekele par les forces loyales aux autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Et deux ponts cruciaux pour l’acheminement d’aide au Tigré ont été détruits cette semaine par les forces éthiopiennes, selon des ONG et le Programme alimentaire mondial (PAM).

La situation s’est « considérablement aggravée », a renchéri le secrétaire général adjoint par interim aux affaires humanitaires de l’ONU, Ramesh Rajasingham, lors de la première réunion publique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Tigré depuis le déclenchement du conflit en novembre.

« On estime que plus de 400.000 personnes ont franchi le seuil de la famine et que 1,8 million de personnes supplémentaires sont au bord de la famine », a averti M. Rajasingham. « Certains suggèrent que les chiffres sont encore plus élevés. 33.000 enfants souffrent de malnutrition sévère », a-t-il ajouté.

« Les vies de bon nombre de ces personnes (au Tigré) dépendent de notre capacité à les atteindre avec de la nourriture, des médicaments ». « Nous devons les atteindre maintenant. Pas la semaine prochaine. Maintenant », a-t-il lancé.

Le gouvernement éthiopien a rejeté vendredi les accusations affirmant qu’il prévoyait de bloquer l’aide humanitaire vers le Tigré, dont il a perdu le contrôle cette semaine.

« L’insinuation selon laquelle nous prévoyons d’asphyxier le peuple tigréen en refusant l’accès humanitaire et en utilisant la faim comme une arme de guerre est inadmissible », a déclaré le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen à des diplomates réunis dans un hôtel de la capitale Addis Abeba.

Selon le PAM, 5,2 millions de personnes, soit 91% de la population du Tigré, ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. L’agence onusienne a indiqué vendredi avoir repris ses opérations d’aide après une pause de deux jours, espérant atteindre 30.000 personnes « d’ici le week-end ».

Mais elle a déploré que deux ponts majeurs menant au Tigré aient été détruits, affirmant que « des vies seront perdues si les routes d’approvisionnement vers le Tigré ne s’ouvrent pas complètement et si les parties prenantes au conflit continuent de perturber ou de mettre en danger la libre circulation » de l’aide.

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni, à l’origine de la réunion du Conseil de sécurité dont ne voulaient pas les Africains, jugeant que le conflit relève d’une affaire interne de l’Ethiopie, ont aussi fait valoir que les accès humanitaires devaient être sans entraves.

Dans ses discussions avec les diplomates, M. Demeke a répété que le cessez-le-feu avait été décrété pour permettre la distribution d’aide humanitaire et le travail des cultures.

Mais avec l’électricité et les télécommunications coupées, les vols suspendus et la plupart des routes de la région désormais impraticables, responsables onusiens et diplomates craignent que la situation n’empire.

Moctar FICOU / VivAfrik          

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