Une cinquantaine d’experts de l’Organisation des Nations unies (0NU), ont estimé, dans un rapport publié jeudi 10 juin 2021, que les luttes contre les changements climatiques et pour la préservation de la biodiversité doivent être pensées ensemble. Mieux, les experts des deux thématiques appellent à une lutte commune pour faire face à ces défis, profondément interconnectés.
Ce rapport est publié quelques mois avant la tenue de la très attendue COP 26 à Glasgow, en novembre prochain, lors de laquelle les 195 pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat de 2015 devront présenter de nouveaux engagements dans la lutte contre les changements climatiques, et notamment pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre.
« Il ne faut pas, en souhaitant préserver le climat, nuire à la biodiversité », et vice-versa, alertent les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), les deux groupes de l’Organisation des Nations unies sur le climat et sur la biodiversité. « Aucun des deux ne pourra être résolu avec succès si les deux ne sont pas abordés ensemble », préviennent-ils.
Selon les scientifiques, « le changement climatique exacerbe les risques pour la biodiversité et les habitats naturels ou aménagés. Dans le même temps, les écosystèmes et leur biodiversité jouent un rôle clé dans les flux de gaz à effet de serre et dans les actions d’adaptation ».
« Le changement climatique menace de plus en plus la nature et les services qu’elle rend aux populations, a expliqué le climatologue Hans-Otto Pörtner, coprésident du comité de pilotage scientifique du rapport. Plus le monde se réchauffe, moins il y a de nourriture ou d’eau potable dans de nombreuses régions. Les changements de biodiversité, à leur tour, affectent le climat, en particulier par le biais d’impacts sur les cycles du carbone et de l’eau. Un avenir mondial durable est encore réalisable, mais il nécessite un changement radical. »
Ce rapport constitue la véritable première collaboration entre les deux groupes d’experts onusiens. À travers leurs recherches, ils ont constaté que les politiques environnementales abordent généralement le climat et la biodiversité de manière séparée, sans chercher à mettre en place des mesures qui prennent en compte ces deux volets en même temps.
Ce rapport est le fruit d’un atelier virtuel qui a rassemblé pendant quatre jours, en décembre 2020, des experts sélectionnés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Il s’agit de la première collaboration entre ces deux organismes qui évaluent l’état des connaissances scientifiques sur ces deux thématiques.
Les experts pointent donc du doigt certaines pratiques qui ont pour objectif d’atténuer les changements climatiques, mais qui peuvent être nuisibles à la biodiversité, notamment les politiques de reboisement avec des monocultures – où une seule espèce végétale est replantée – qui sont généralement plus fragiles, plus sujettes à la sécheresse, et sont donc préjudiciables à la biodiversité, expliquent les experts.
En outre, ils soulignent que le développement de certaines énergies renouvelables peut entraîner l’exploitation de minerais rares (Ndlr : comme c’est le cas pour les batteries de voitures électriques), et peuvent ainsi causer des dommages environnementaux. D’où la nécessité d’évaluer les bénéfices et les risques de chaque politique sur le climat et sur la biodiversité.
Moctar FICOU / VivAfrik