Vers le rejet des eaux souillées de la centrale de Fukushima (Japon) à la mer

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Le gouvernement japonais a opté pour le rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée issue du refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, qui ont subi une fusion des cœurs au moment du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 lors d’un point de presse. Maintes fois repoussée par Tokyo, cette vieille idée a été évoquée par Yoshiaki Harada mardi 13 avril 2021. « Le rejet en mer était le seul moyen », a-t-il dit enchérissant qu’il s’agissait « d’un simple avis » et que « le gouvernement dans son ensemble allait en discuter prudemment ».

Le ministre japonais de l’Environnement a été blâmé par sa hiérarchie après avoir présenté comme inévitable le rejet en mer des eaux de Fukushima, la centrale nucléaire ravagée par le tsunami de mars 2011. En août, le stock d’eau pompée dans les installations radioactives de Fukushima et conservée dans des citernes sur le site s’élevait à plus d’un million de tonnes. Malgré un processus de décontamination, elle présente des concentrations en tritium et autres radio nucléides au-delà des normes. En septembre 2013, on évoquait 400 000 tonnes.

Pour sa part, le porte-parole de l’exécutif, a immédiatement réagi, qualifiant ces propos de « personnels ». Néanmoins, Yoshihide Suga laisse entende : « nous estimons que les rejets dans l’océan sont réalistes, dès lors qu’ils seront réalisés en toute sécurité ». Il a justifié son assertion par la limite des capacités de stockage dans l’enceinte de la centrale, qui devrait être atteinte à l’automne 2022. Le 18 mars dernier, 1,25 million de tonnes d’eau dormaient dans plus de 1 000 réservoirs. La quantité augmente de 141 tonnes par jour.  

Le déversement devrait commencer dans deux ans, une fois obtenu l’aval de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN), gendarme de l’atome nippon. Car 80 % de l’eau stockée reste, malgré un traitement par le système de filtration Advanced Liquid Processing System (ALPS), chargée de soixante-deux nucléides, dont du strontium-90 et du césium-137, à des niveaux supérieurs aux normes environnementales.

L’idée avancée par ce ministre n’est pas nouvelle. En 2016, une commission d’experts mandatés par le ministère japonais de l’Industrie (METI) avait conclu que cette option était « la solution la plus rapide et la moins onéreuse », sans exclure d’autres moyens « faisables » bien que plus longs et coûteux. Ils avaient calculé qu’il faudrait 7 ans et 4 mois pour se débarrasser de cette eau dans l’océan après dilution, pour un coût évalué à 3,4 milliards de yens (28 M€), alors que les autres techniques coûteraient de 10 fois à 100 fois plus pour une durée allant de 8 à 13 ans. Depuis, la quantité d’eau souillée n’a cessé d’augmenter, malgré les fuites régulières.

En attendant qu’une décision soit prise, la compagnie Tepco, l’opérateur de la centrale, qui estime que les citernes seront pleines en 2022, étudie des solutions pour augmenter encore le stockage, même si l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) presse le gouvernement japonais d’agir. L’eau non conforme va de nouveau être filtrée. Après le tsunami de 2011, les spécialistes avaient estimé qu’il faudrait 40 ans pour démanteler la centrale.

Moctar FICOU / VivAfrik

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