Les répercussions des changements climatiques n’ont pas épargné aucun secteur d’activité. En Afrique, notamment au Sud du Togo, très vulnérable au changement climatique, les activités agricoles en pâtissent le plus. C’est ce qu’a révélé une étude réalisée par Charles Essodina Kolou, titulaire d’un master en géographie à l’Université de Lomé.
Pour M. Kolou, les régions Maritime et Plateaux connaissent depuis des années une variabilité exceptionnelle des principaux éléments du climat que sont les précipitations et les températures.
« La grande saison pluvieuse, au lieu d’intervenir en début du mois de mars comme dans le passé, prend actuellement du retard et arrive des fois au mois de mars », a-t-il indiqué dans ses recherches.
La préfecture de Vo qui a été sa principale zone d’étude, il a noté que l’activité agricole est essentiellement pluviale et extrêmement dépendante de la saison des pluies.
A ce propos, il laisse entendre : « le démarrage et la durée des saisons, variable d’une année à une autre, rendent très vulnérable l’agriculture. Les pratiques agricoles nécessitent ainsi une bonne connaissance du régime saisonnier des précipitations, en l’occurrence les séquences sèches au cœur des saisons agricoles et la fréquence de jours pluvieux ».
Poursuivant son speech, il renchérit « l’agriculture pratiquée dans cette zone est de type familial, et caractérisée par de petites exploitations. La houe et le coupe-coupe sont les principaux outils utilisés pour les activités de préparation du sol. La production agricole est essentiellement destinée à l’autoconsommation et au marché ».
Les principales cultures développées dans cette préfecture sont le maïs, le manioc, le niébé, la patate douce, l’arachide et le palmier à huile. Il semble primordial d’engager dès à présent une réflexion sur l’évolution de cette agriculture face à la variabilité climatique.
« D’où la nécessité d’informer et de former les agriculteurs. Si beaucoup savent aujourd’hui que le changement climatique peut être fatal aux cultures, très peu en revanche sont vraiment informés sur les dimensions réelles du phénomène du changement climatique ainsi que les alternatives qui s’offrent au secteur agricole », relate le géographe.
Il faut aussi d’après ses approches, rendre accessible des semences améliorées. L’adoption de ces semences améliorées de cycle court et plus résistantes reste une stratégie efficace d’adaptation.
Les variétés de semences développées par les instituts de recherche offrent des rendements plus élevés et sont plus résistantes aux défis liés au changement climatique, comme la sécheresse.
Toutefois, leur disponibilité et accessibilité sont souvent difficiles du fait de l’incapacité des paysans au regard de leurs revenus agricoles faibles à acheter ces semences.
« La promotion des variétés performantes résilientes aux variabilités climatiques, à travers une subvention des semences par l’Etat ou les autorités locales est une solution à l’accès aux semences. L’organisation des foires aux semences et la mise en place des champs-écoles peuvent motiver les paysans à opter pour les semences améliorées », suggère-t-il.
Autre élément important, la variabilité de la pluviométrie et des températures constituent l’un des plus grands défis auxquels font face les agriculteurs pluviaux surtout ceux de la préfecture de Vo dont les récoltes d’une saison agricole à l’autre sont soumises aux aléas climatiques.
Face à cette dépendance au climat des activités agricoles, les agriculteurs n’ont d’option que de développer des stratégies ou de disposer des moyens pour s’adapter au risque de voir davantage leur économie menacée.
Moctar FICOU / VivAfrik