En 2015, c’était la fin des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En matière d’accès à l’assainissement, les chiffres ont montré que 39% de la population mondiale ont accès à des systèmes d’assainissement gérés en toute sécurité et que 29% ont bénéficié d’un service élémentaire d’assainissement alors que l’objectif fixé par les OMD était de 77% (OMS et UNICEF, 2017). Ainsi, des milliards d’individus dans le monde n’ont pas accès à l’assainissement adéquat, surtout dans les pays dits en voie de développement, en particulier dans les zones urbaines et périurbaines. Aujourd’hui, on estime la part de la population mondiale ne disposant pas de toilettes ou de latrines à 2 milliards de personnes dont 673 millions défèquent à l’air libre. Si l’on se réfère aux résultats du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE), effectué en 2013 par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), on note que les ménages urbains au Sénégal utilisent des toilettes avec chasse dont 44,2% sont liées à une fosse alors que 27% sont raccordées à l’égout. En milieu rural, même si 72,2% des ménages ont des toilettes équipées de chasse et reliées à une fosse, les latrines non couvertes et la défécation dans la nature sont aussi fréquentes (ANSD, 2014, p. 335). Le rapport final de la Revue nationale volontaire sur les ODD en 2018 montre que le taux global d’assainissement au Sénégal est passé de 48,43% en 2015 à 53,97% en 2017 avec un taux d’accès plus élevé en milieu urbain (de 62,2% en 2015 à 67,4% en 2017) qu’en milieu rural (de 36,7% en 2015 à 42,3% en 2017). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le non assainissement ou le mauvais assainissement peut entraîner une perte de 1,5% du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial, une chute de 4,3% du PIB dans les pays d’Afrique subsaharienne, note ipar.sn.
La prise en charge politique de la question de l’assainissement permet de traiter les enjeux liés à la santé, à l’économie et à l’environnement
En revanche, investir dans l’assainissement peut être rentable dans la mesure où chaque euro dépensé peut générer 5,5 euros au niveau mondial, 8 euros en Asie de l’Est et 2,8 euros en Afrique subsaharienne (Gabert, 2018). Il est clair que la prise en charge politique de la question de l’assainissement permet de traiter les enjeux liés à la santé, à l’économie et à l’environnement. Cependant, cet engagement politique doit reposer sur des prises de décisions basées sur des données régulièrement mises à jour et des évidences scientifiques pour des stratégies d’interventions plus efficientes et plus efficaces d’où la nécessaire implication de la recherche économique, sociale, technologique. Dans cette perspective, le projet West African Sanitation Policy & Activators (WASPA) a été mis à profit par l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), en collaboration, entre autres, avec le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement (MEA) à travers la Direction de l’Assainissement (DA), l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), Speak Up Africa (SUA), Niyel, Delvic S. I. et l’Association des Acteurs de l’Assainissement du Sénégal (AAAS) pour conduire d’importantes activités de recherches dans le sous-secteur de l’assainissement, en particulier l’assainissement autonome au Sénégal dans le but précis de produire des données et des évidences scientifiques afin de les mettre à la disposition des décideurs pour mieux fonder les politiques d’assainissement pour de meilleurs impacts sur les conditions de vie des populations. C’est pourquoi, la tenue de cette série de restitution des résultats de recherches se fait, en premier lieu, avec le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement, pour faciliter l’appropriation et le portage institutionnel des résultats dans le but de mieux fonder les politiques d’assainissement, ajoute notre ipar.sn.
Un plan de développement solidaire et inclusif pour l’accès universel à l’eau, à l’assainissement et à l’électricité au Sénégal
Au Sénégal, l’Etat a annoncé un plan de développement solidaire et inclusif pour l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, à l’électricité, aux services de transport, à la santé, et à l’éducation à l’horizon 2025. Cette annonce suscite une certaine ruée vers les zones urbaines dépourvues de certaines commodités élémentaires. À Dakar, les habitants n’ont pas tous un accès total aux services. Dans certains quartiers comme Warouway, on manque de tout. Néné Fofana est l’une des premières à avoir logé dans le quartier. « Quand j’habitais ici, il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau, ni d’écoles, et encore moins de marchés », raconte-t-elle. Elle ajoute que l’accès était également difficile pour les véhicules, ce qui obligeait les habitants à marcher jusqu’à la cité Gadaye pour avoir une voiture et rallier Guédiawaye ou le centre-ville de Dakar. À cela s’ajoute l’insécurité, comme l’affirme Néné Fofana. « J’ai été victime d’agressions à trois reprises et mes deux enfants aussi ont été victimes d’agressions. L’année dernière, lors de la campagne électorale, l’État a satisfait quelques-unes de nos doléances », estime-t-elle. Si les habitants ont finalement eu accès à quelques commodités comme l’électricité, l’accès à l’eau demeure un problème majeur dont les femmes sont les principales victimes. Astou Barry raconte leur calvaire quotidien, « en tant que femme, je mesure à quel point il est difficile d’avoir de l’eau. J’achète de l’eau à 25 francs la bouteille et chaque jour je dépense plus de 500 francs pour mon approvisionnement en eau », a-t-on appris de voaafrique.com.
Moctar FICOU / VivAfrik