Cacao : foire d’empoigne entre les producteurs et les fabricants de chocolat

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La Côte d’Ivoire et le Ghana poursuivent leur bras de fer avec les multinationales du chocolat. Les deux plus grands producteurs au monde accusent les géants du chocolat dont, Hershey et Mars, de contourner la prime qui vise à mieux rémunérer les planteurs.

La tension monte entre les pays producteurs et les multinationales du chocolat. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui concentrent 60 % de la production mondiale de cacao, ont accusé plusieurs géants, dont Hershey, Mars et Olam, de contourner le mécanisme négocié en 2019 pour améliorer la rémunération des planteurs de cacao en Afrique de l’Ouest.

Les organes de régulation, le Conseil café-cacao ivoirien (CCC) et le Cocoa Board ghanéen (Cocobod), ont lancé une campagne médiatique contre ces multinationales très préoccupées par leur image et l’image du cacao qu’elles achètent. Des multinationales qui font certifier ce cacao pour s’assurer qu’il n’est pas produit par des enfants ou qu’il ne contribue pas à la déforestation. Hershey est l’une des compagnies particulièrement mises à l’index par le Ghana et la Côte d’Ivoire qui l’ont suspendue de tous leurs programmes de certification.

Ce jeudi 3 décembre, à Yamoussoukro, le CCC rencontrait quatre organisations de planteurs pour exposer la situation et discuter de la stratégie à suivre. Si, comme l’affirme Yves Koné le directeur du CCC, « il n’y a pas de guerre du cacao » et que les multinationales restent des « partenaires », le torchon brûle bel et bien. Aussi, les quatre organisations de planteurs présentes ont promis de faire pression sur les intérêts de ces multinationales sur le terrain afin de peser dans les discussions, quitte à « boycotter toutes les activités liées aux industriels ». Soro Penatirgué, président de l’Association nationale des coopératives agricoles de Côte l’Ivoire (Anacaci) : « Nous leur demandons de faire en sorte qu’on n’arrive pas à des activités de sabotage, des activités de boycott ».

Tout aussi inquiet, Denis Konan Kouassi, producteur à Toumodi, ne partage pas l’optimisme de ces leaders syndicaux qui estiment que la diversification des cultures permettra aux planteurs de tenir : « Ce combat, ce n’est pas un petit combat. Moi, je prends le cas de moi-même : à part mon cacao, je n’ai pas d’autres revenus. On nous demande de ne pas livrer le cacao. J’ai des enfants qui vont à l’école. Je vais faire quoi ? On ne peut pas dire qu’on ne peut pas faire de cacao. Qu’est-ce qui ont comme arrière-plan pour nous ? Ils ont l’intention de nous aider mais les moyens font défaut. On fait comment ? ».

Adama Coulibaly, le ministre de l’Économie et des finances de Côte d’Ivoire assure que son gouvernement soutient le combat des producteurs ivoiriens et ghanéens : « 6% seulement du business du chocolat revient actuellement au planteur. Il n’est pas acceptable que nous puissions continuer dans cette voix-là. Donc, le différentiel a été négocié d’accord parties avec le chocolatier pour accroître le revenu des paysans et accroître également la qualité de la production. Il faut savoir que ce chocolat qui est produit avec le différentiel de revenu décent sort en fait du Ghana et de la Côte d’Ivoire, et que c’est un label de qualité. Donc, nous travaillons à ce que justement les chocolatiers puissent respecter leurs engagements.

Pour le ministre de l’Économie, les discussions sont en cours : « Ce n’est pas seulement le gouvernement ivoirien, nous, on coordonne très bien avec le Ghana. Je peux vous dire que les choses vont dans le bon sens et que très prochainement les choses vont rentrer dans l’ordre ».

Avec rfi

 

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