Au Sénégal, l’arachide se vendra à 250 Fcfa/kg pour la campagne de commercialisation 2020/2021 contre 210 Fcfa/kg, un an plus tôt. Ce tarif annoncé par Moussa Baldé, ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, marque une hausse de près de 20 % par rapport au montant précédent (210 Fcfa/kg). Cependant, les Chinois ont fini d’envahir le monde paysan pour arracher les graines d’arachide en vente sur le marché avec un prix au kilogramme majoré jusqu’à 300 francs cfa.
Du côté des autorités, cette augmentation du tarif témoigne de la volonté du gouvernement de valoriser cette filière stratégique qui représente la première source de revenus des producteurs en milieu rural. L’exécutif a fixé par ailleurs, la taxe perçue à l’exportation de l’arachide décortiquée à 30 Fcfa/kg.
Dans le même temps, dès l’ouverture de la campagne, les premiers articles commencent à faire état de la situation pesante des industries huilières publiques comme privées qui peinent à trouver de l’arachide face aux exportations vers la Chine toujours plus importantes et des prix proposés aux agriculteurs défiants toute concurrence. A l’origine de l’achat de près de 400 000 tonnes d’arachide au Sénégal, le géant asiatique rappelle qu’en 2014 le gouvernement sénégalais a signé un protocole d’accord avec la Chine pour autoriser l’exportation de la graine d’huilerie vers l’Empire du Milieu, mais l’huile étant plus onéreuse, le géant asiatique se penche inévitablement vers l’achat des graines bien moins coûteuses.
« Les opérateurs économiques qui s’investissent dans la campagne de commercialisation de l’arachide filent directement vers un dépôt de bilan » C’est du moins ce qu’ils ont affirmé ce dimanche lors d’une rencontre avec la presse. Fallou Diop, qui a porté la parole des membres de l’association qui les réunit (ADOPE/T), révèle en effet, que les Chinois ont fini d’envahir le monde paysan qui environne Touba et Mbacké pour arracher les graines d’arachide en vente sur le marché avec un prix au kilogramme majoré jusqu’à 300 francs cfa.
« C’est un combat perdu d’avance pour moi, puisque le kilo est officiellement fixé à 250 francs et Dieu sait que l’État a fait des efforts dans ce domaine. Cependant, il est de son devoir d’arrêter ces Chinois qui risquent de biaiser la campagne de commercialisation. Cette situation va, inéluctablement, créer une absence de semences de qualité dès l’hivernage prochain. »
Fallou Diop de rappeler que depuis 2007, les Chinois sont au Sénégal pour acheter l’arachide, mais jamais ils n’ont été aussi nocifs vis-à-vis des opérateurs économiques du Sénégal. « L’État est parfaitement compétent pour limiter les affairistes Chinois. Les huiliers sont presque tous ruinés. Ils ne parviennent pas à disposer de cette arachide et faire fonctionner leurs entreprises. Trop, c’est trop ! »
L’USDA estime les importations chinoises d’arachides à 450 000 t sur 2020/21, inchangées par rapport à la dernière campagne mais en baisse par rapport aux 465 000 t en 2018/19. L’Afrique joue une carte maîtresse car ses cacahuètes entrent en Chine sans droits de douane qui s’élèvent pour toutes les autres provenances à 15% de taxe d’importation et 10% de TVA.
Face à cela, et grâce à son exemption tarifaire, le Sénégal bénéficie d’un avantage comparatif net. D’ailleurs, en 2018/19, Dakar a fourni 69% de la demande d’importation chinoise de cacahuètes non décortiquées, soit 325 000 t.