La capitale congolaise, Brazzaville a abrité, du 15 au 17 octobre 2020, la huitième édition du Salon africain de l’invention et de l’innovation technologique (SAIIT). L’évènement est organisé par l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et vise à détecter et à faire connaître les meilleurs résultats de recherche, inventions et innovations technologiques susceptibles d’aboutir à la création d’entreprises en Afrique.
Pour cette nouvelle édition, le SAIIT s’est tenu sous le thème « Propriété intellectuelle, innovation et défis sanitaires ». Il a permis de promouvoir les projets innovants et les nouvelles offres, tout en donnant la priorité aux initiatives dans le domaine de la santé. Des prix sont décernés aux meilleurs projets, qui sont sélectionnés par un jury international.
Les inventeurs venus de 17 pays membres de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République centrafricaine, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo) ont mis à profit ce salon pour montrer leur génie créatif et surtout lancer des appels aux partenariats, avec le désir de permettre à leur travail de transformation des matières d’être davantage connu sur le continent et au-delà.
Dans le grand hall du Palais des congrès de Brazzaville transformé pour la circonstance en salle d’exposition, Messan Komi Laurent Adjessodé, un inventeur de 55 ans venu du Togo, a occupé un stand qui a attiré l’attention de plus d’un visiteur avec son dispositif mécanique de coupure du gaz programmable. « Vous avez le gaz, vous avez le dispositif et le feu pour la cuisson pour un temps fixé. Et après ce temps ça se coupe automatiquement : il n’y aura plus d’alimentation vers la cuisinière. Il y a un verrou en aval et vous êtes protégés », explique l’inventeur togolais.
À la tête de Biotech Service Sénégal, société spécialisée dans la fabrication d’engrais et des pesticides naturels, Mamadou Dieng a fait étalage de sa gamme de produits pour exprimer l’ambition de s’installer au Congo. « J’espère qu’on trouvera des partenaires ici pour travailler ensemble. Ma mission est d’installer quelque chose à Brazzaville. C’est important », affirme Mamadou Dieng.
En produisant les engrais localement, il travaille à limiter les importations des produits alimentaires : « Il est normal que les Africains se prennent en charge, produisent mieux pour eux et vivent mieux avec leur production au lieu d’importer du riz, de la tomate et n’importe quoi. On est capable de le faire. Quand vous importez, vous baissez votre niveau de vie. »
Transformer la matière, c’est l’objet de l’invention. Et, c’est ce qu’a compris le styliste et modéliste congolais Éric Kanga qui façonne le raphia : « En tant qu’artisan, je m’accentue sur la transformation du raphia pour créer des costumes, des robes de cérémonie et pourquoi pas des tenues de ministre avec du raphia. Mon but est de faire connaître ce tissu traditionnel qui est le raphia. Et l’argent viendra naturellement après. »
La huitième édition du Salon africain de l’innovation et de la technologie s’est tenue dans un contexte marqué par le coronavirus, d’où les technologies relevant de la santé ont dominé cette foire. Le Congolais Auguste Guéleka a présenté au public un distributeur de gel hydro-alcoolique qu’il a fabriqué : « J’ai utilisé des matériaux que je pouvais avoir localement, notamment du bois et de l’aluminium. Le contenu du mécanisme est en métal avec une capacité de cinq litres de gel qui représentent 2 571 jets de gel. C’est-à-dire 2 571 personnes peuvent être servies directement à ce dispositif. »
Le salon a connu la participation d’une vingtaine de pays africains et l’exposition d’au moins 70 inventions et innovations.
Moctar FICOU / VivAfrik