Le Parlement européen compte mettre fin à la déforestation. C’est dans cette optique qu’il fait monter la pression sur la Commission européenne à propos de la durabilité des approvisionnements agricoles. Mieux, le Parlement vient d’appeler l’institution à réfléchir sur un cadre juridique contraignant pour mettre fin à la déforestation à laquelle contribue le bloc.
Pour rappel, le Parlement européen a voté le 22 octobre 2020, à la majorité des voix, un rapport demandant à la Commission d’élaborer un cadre juridique pour éliminer la déforestation dans les chaînes d’approvisionnement des produits agricoles.
D’après les députés, l’Union européenne (UE) qui contribue par sa consommation à 10 % de la déforestation mondiale, ne dispose pas encore de règlements qui interdisent l’arrivée sur le marché communautaire de produits issus du déboisement, phénomène dont l’incidence sur la biodiversité tropicale est avérée.
Et même si la région importe des produits étiquetés durables par les certificateurs tiers, les élus estiment que les labels ont eu des effets limités dans le ralentissement du rythme de la déforestation mondiale.
Dans les détails, le Parlement préconise une législation obligeant les entreprises à réaliser dans la mesure du possible, « une évaluation des risques de leurs produits afin d’identifier, de prévenir, d’atténuer et de rendre compte de la manière dont elles abordent la question de la déforestation tout au long de la chaîne d’approvisionnement ».
L’organe législatif plaide aussi pour que les opérateurs sur le marché européen fassent preuve de responsabilité dans leurs achats en assurant la traçabilité de leurs produits pour en identifier la provenance et garantir le respect des critères de durabilité.
En termes clairs, l’UE envisage renforcer la traçabilité des produits susceptibles de contribuer à la déforestation, principalement au Brésil. Ils ont aussi exigé que Bruxelles en tienne compte dans ses accords commerciaux.
« Les entreprises qui ne respecteraient pas ces règles et mettraient sur le marché européen des produits dérivés de matières premières mettant en danger les forêts et les écosystèmes, devraient être sanctionnées. La Commission devrait également fournir des définitions de ce qui constitue la déforestation et la dégradation des forêts. Les députés pensent également que les forêts anciennes et primaires devraient être considérées comme des biens communs mondiaux et protégées à ce titre, et que leurs écosystèmes devraient se voir accorder un statut juridique », indique un communiqué du Parlement européen.
« Tout le monde s’accorde à dire que les mesures volontaires visant à stopper et à inverser la déforestation mondiale ont échoué. Avec l’adoption de ce rapport, nous avons maintenant la possibilité de créer un cadre fonctionnel et équitable, fondé sur une diligence raisonnable obligatoire. Il s’agit d’une nouvelle étape importante vers un cadre ambitieux visant à stopper et à inverser la déforestation mondiale induite par l’UE », renchérit Delara Burkhardt, rapporteuse au Parlement.
D’après un rapport du Parlement européen, un peu moins de 25 % de la valeur de toutes les denrées agricoles de base issues de la déforestation illégale, échangées dans le monde sont orientés vers l’UE. Les principaux produits concernés sont le soja, l’huile de palme, le cuir et la viande de bœuf.
En 2019, la planète a perdu plus de 3,8 millions d’hectares de forêts tropicales primaires, à cause notamment des ravages des incendies en Amazonie et surtout de la déforestation. Indirectement, on estime que la consommation dans l’UE contribue pour au moins 10% à la déforestation mondiale, via les importations d’huile de palme, de viande, de soja, de cacao ou de caoutchouc. Ainsi, les eurodéputés souhaitent une législation visant à empêcher les importations néfastes pour le climat et la biodiversité.
Moctar FICOU / VivAfrik