Le changement climatique est à l’origine de plusieurs catastrophes naturelles avec des conséquences désastreuses parmi lesquelles la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes… La planète s’emballe et les conséquences du changement climatique deviennent de plus en plus une réalité. Une thématique sur laquelle s’est exprimé Gilles Ramstein, chercheur et directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement dans les colonnes du site d’informations lyonne.fr. Dans son intervention, M. Ramstein s’est prononcé sur biodiversité et gestion de l’eau, vignobles et agriculture.
On ne compte plus le nombre de rapports d’experts confirmant la réalité du changement climatique. Ni les prises de parole de celles et ceux qui, depuis des dizaines d’années, nous alertent sur le triste sort de notre planète. Dans une interview accordée au média cité plus haut, Gilles Ramstein relève que les faits sont là, et les désastres naturels se multiplient devant nos yeux. Pour que l’horizon ne s’obscurcisse pas d’avantage, un changement s’impose.
Comment le changement climatique modifie-t-il nos paysages et, notre qualité de vie ?
Le changement climatique résulte d’une combinaison : la combustion des énergies fossiles qui émet du CO2, et l’agriculture qui produit du méthane. Ces gaz à effet de serre impactent sérieusement les températures. Le mois de septembre a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde. L’année 2020 risque donc d’être la sixième année consécutive parmi les plus chaudes du siècle.
Le changement climatique s’observe également dans la fonte des calottes de glace, des banquises, des glaciers tropicaux et alpins. Mais aussi avec la disparition de certaines espèces animales ou végétales qui, faute de pouvoir s’adapter rapidement, meurent.
Grâce aux modèles, nous arrivons à calculer certains changements à venir : pour le bassin Méditerranéen par exemple, tous les modèles montrent qu’au court du 21e siècle, il va sérieusement s’aridifier. Les précipitations augmenteront en revanche au nord de la Seine, aux Pays-Bas, en Europe du Nord…
Peut-on voir un lien entre la tempête Alex qui a balayé début octobre les Alpes-Maritimes et le changement climatique ?
Certaines catastrophes naturelles résultent directement du changement climatique en cours. Tous les ans, à la fin de l’été, la Méditerranée est encore chaude et sa capacité à évaporer est grande. L’humidité transportée vers l’intérieur des terres produit des précipitations importantes lorsqu’elle rencontre le relief des Cévennes.
Le réchauffement climatique intensifie les précipitations : en étant plus chauds, océans et mers s’évaporent davantage, chargent l’atmosphère en vapeur d’eau et accentuent le volume des précipitations. Les Alpes-Maritimes ont été particulièrement touchées parce que la tempête Alex, en déboulant, a intensifié encore plus l’épisode cévenol.
Doit-on s’attendre à une montée en puissance des catastrophes naturelles ?
La planète est comme une chaudière. Plus on lui donne du combustible, plus elle chauffe. Les projections du GIEC qui sortent tous les cinq ans montrent à quel point c’est de plus en plus grave. Grâce aux bulles piégées dans les carottes de glace, nous pouvons remonter loin pour connaître la composition atmosphérique.
Depuis 800.000 ans, le CO2 a oscillé entre 280 ppm (parties par million) et 180 ppm. Aujourd’hui, il est à 415. Et malheureusement, il est probable que ce taux arrive à 500 voire 600 à la fin du siècle.
« Si cela se produit, les conséquences des gaz à effet de serre seront encore plus fortes », indique Gilles Ramstein.
L’histoire nous montre que même sans l’action de l’homme, la Terre a toujours connu des variations climatiques. Celle que nous connaissons actuellement est différente des précédentes ?
La différence est fulgurante. On a beau chercher, on ne trouve pas d’analogue à ce que nous vivons aujourd’hui. Par contre, lorsqu’on remonte le temps pour trouver une période comparable à l’actuelle en terme de CO2 atmosphérique, on arrive à 3 millions d’années.
Le climat n’était pas tellement différent de celui d’aujourd’hui, sauf que la mer était plus haute d’environ 15 mètres.
Si on maintient le CO2 à 415 ppm pendant des centaines d’années, on finira par faire fondre complètement les calottes de glace du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest. C’est ce qui s’était passé au pliocène, pas à cause des hommes, mais parce que le taux de CO2 était assez élevé pour empêcher ces calottes de glace d’exister.
Le CO2 fluctue naturellement, mais sur de grandes échelles de temps. Il est passé de 1.200 ppm il y a 40 millions d’années à 300 ppm il y a 3 millions d’années. Il a mis 37 millions d’années à baisser. Nous, nous faisons l’opération inverse : on va faire grimper le CO2 de 300 ppm à probablement 600 en deux siècles. C’est fulgurant.
À l’avenir, nos sociétés vont-elles devoir s’adapter ? Quelles solutions existent ?
Diminuer notre consommation de combustibles fossiles serait déjà bien. Après, puisqu’il faudra vivre avec ce qu’il y a dans l’atmosphère, les États devront s’adapter en planter des forêts pour stocker du CO2 par exemple, ou en utilisant davantage l’électricité non carbonée.
« Les inégalités sont un frein à la lutte contre le changement climatique : il est compréhensible que les personnes qui ont la fin du mois pour unique vision de long terme, puissent ne pas être sensibles au changement climatique », relève Gilles Ramstein.
Pour que les efforts soient faits par tous, de manière juste, il faudrait que les États planifient les changements. Par exemple, en décidant de mettre un terme à certaines activités polluantes, il faut lancer d’autres chantiers, pour ne pas laisser des gens sur le bord de la route. La meilleure solution serait de bien informer les citoyens pour qu’ils puissent faire pression sur leur gouvernement.
La coordination internationale est-elle suffisante dans la lutte contre le réchauffement climatique ?
Depuis de la COP21, les États ont eu beau faire des déclarations, le taux de CO2 dans l’atmosphère n’a pas évolué dans le bon sens. À travers la crise du Covid-19, on a pu comprendre que la solidarité et la planification étaient de meilleurs remparts que des stratégies individuelles. La réponse doit être collective.
Piller les ressources de la Terre induit des changements qui sont considérables et qui nous mettent en péril. Si nous avions 2 ou 3 siècles pour faire comprendre ça à tout le monde, ça irait. Mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Évoluons maintenant pour ne pas avoir à faire des changements drastiques à la fin.