Une «double peine»: les espèces d’animaux rares sont les plus menacées par le changement climatique et l’influence humaine, alors qu’elles remplissent un rôle écologique lui aussi rare, mais essentiel à l’écosystème, alerte une étude cette semaine.
Les oiseaux et les mammifères écologiquement rares sont plus menacés par l’Homme que les espèces communes et seront plus impactés par les changements climatiques. C’est la conclusion à laquelle parviennent des scientifiques du CNRS, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), et des universités Grenoble Alpes et de Montpellier, dans une étude publiée dans la revue Nature Communications.
Ce travail de fourmi, s’appuyant sur l’analyse de données à l’échelle mondiale («big data»), a réalisé une cartographie précise, en combinant le critère de rareté géographique et, pour la première fois, celui de «rareté fonctionnelle».
Les chercheurs ont cartographié le nombre d’espèces écologiquement rares dans des zones géographiques de 50 km par 50 km à travers le monde en se fondant sur deux bases de données regroupant les espèces de mammifères terrestres (4 654 espèces) et d’oiseaux (9 287 espèces). Il en résulte que les mammifères écologiquement rares sont surreprésentés dans les tropiques et dans l’hémisphère sud. C’est le cas dans les îles indonésiennes, Madagascar et au Costa Rica avec des espèces nocturnes et frugivores (chauves-souris, lémuriens, etc.) ou insectivores (petits rongeurs). Les espèces d’oiseaux rares sont surtout présentes dans les régions montagneuses tropicales et subtropicales, avec essentiellement des espèces frugivores ou nectarivores (oiseaux mouches), en particulier en Nouvelle-Guinée, en Indonésie, dans les Andes et en Amérique centrale.
L’étude montre que ces espèces sont surreprésentées dans les catégories menacées d’après la classification de l’UICN et qu’elles sont plus impactées par l’influence humaine. Ainsi, une grande partie des oiseaux écologiquement rares risque l’extinction d’ici 40 ans du fait des changements climatiques.
Ces résultats mettent en lumière l’insuffisante préservation de ces espèces, en conclut l’étude. En effet, ce n’est pas parce qu’elles sont rares qu’elles n’ont pas un rôle important à jouer au sein des écosystèmes. « La prise en compte de l’originalité de leurs rôles écologiques est essentielle et devrait aussi guider les actions de conservation », expliquent les chercheurs.